L’atmosphère était un peu tendue ce vendredi matin au cimetière municipal de Gounghin à Ouagadougou. Les membres du gouvernement actuel ainsi que certains membres du gouvernement de la transition sont venus rendre hommage aux victimes du coup d’Etat manqué de septembre 2015. Le Premier ministre Paul Kaba Thiéba et le président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo ont déposé des gerbes de fleurs sur les tombes des victimes. Et après ce fut l’exécution du Ditanyè, l’hymne national.
« Nous sommes là pour rendre hommage à tous ceux qui sont tombés au champ d’honneur pour défendre la liberté et défendre la démocratie et la patrie n’oubliera jamais le sacrifice suprême qu’ils ont consenti pour défendre la liberté et la démocratie », a dit le Premier ministre burkinabè, Paul Kaba Theiba, après la cérémonie.
La colère des familles des victimes
Les parents des victimes ont boudé la cérémonie de ce matin et ont donné de la voix pour s’exprimer. Selon certains manifestants, ils n’ont pas été associés à cette cérémonie d’hommage. Ils auraient reçu l’information seulement jeudi dans la nuit. Certains parents des victimes expliquent leur présence au cimetière pour leur propre cérémonie d’hommage. Ils ont d’ailleurs décidé de ne pas se présenter à la rencontre prévue avec le Premier ministre cet après-midi à la primature. Ils dénoncent surtout le retard dans le traitement judiciaire de cette affaire, un an après les faits, alors que le général Gilbert Diendéré avait décidé de se mettre à la disposition de la justice.
Procès attendu
En effet, le cerveau présumé de ce putsch avorté est en détention préventive depuis un an à la maison d'arrêt et de correction des armées (Maca) à Ouagadougou. Il a déjà été entendu en première comparution et sur le fond par le juge d’instruction. Il attend toujours la date du procès.
Les personnes qui ont pu le rencontrer disent qu’il attend avec sérénité le procès pour dire sa part de vérité sur ce qu’il s’est réellement passé au palais présidentiel le jour du putsch. Il est poursuivi avec 24 autres personnes pour « actes de terrorisme, attentats, crimes contre l’humanité, pour meurtres » ou encore « enlèvements et séquestrations » entre autres. Autre personnalité poursuivie, Djibril Bassolé. L'ancien ministre des Affaires étrangères est également en détention préventive depuis près d'un an, mais ses avocats ont saisi le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.