Congo: un fils de Sassou-Nguesso visé par des accusations de corruption

Le fils cadet du président congolais, Denis-Christel Sassou-Nguesso, est de nouveau visé par des accusations de corruption liées à l'exploitation des ressources naturelles de son pays. Selon une enquête publiée par le quotidien Le Monde Afrique, et réalisée en collaboration avec le groupe de presse australien FairFax, ce dernier aurait monnayé il y a une dizaine d'années l'obtention d'un permis d'exploitation minière au profit de l'entreprise australienne Sundance pour une mine de fer située à la frontière avec le Cameroun. À l'appui de ces accusations, Le Monde Afrique et Fairfax ont eu accès à des documents censés rester confidentiels.

L'affaire remonte à 2006. SelonLe Monde Afrique, Denis-Christel Sassou-Nguesso est alors approché par l'entreprise Sundance qui souhaite l'exclusivité sur l'exploitation de la mine de fer de Mbalam-Nabeba.

Après plusieurs rencontres, selon des documents internes à l'entreprise consultés par le quotidien, un deal aurait été trouvé : le fils cadet du président et son neveu, Rodrigue Sassou, s'arrangent pour obtenir le permis d'exploitation. En échange, ils se voient attribuer 30% du capital de la filiale locale de Sundance créée pour l'occasion. S'en serait alors suivi une série de transferts et reventes d'actions, qui leur aurait rapporté plusieurs millions d'euros.

Tout est censé se dérouler dans la plus grande discrétion grâce notamment à l'intervention d'un juriste, Olivier Fabrice Sil, qui, toujours selon des documents internes consultés par Le Monde Afrique aurait étudié avec le fils Sassou et aurait à la fois servi d'intermédiaire et de prête-nom à certaines transactions.

Révélations compromettantes

Seulement voilà, un an plus tard, l'homme à l'origine du deal, le géologue australien David Porter décide de poursuivre en justice l'entreprise Sundance pour une histoire d'honoraires impayés et le voilà qui pour étayer ses accusations livre à un tribunal australien des piles de fax, courriers et documents confidentiels internes à l'entreprise, sans semble-t-il se rendre compte du scandale qu'ils pourraient provoquer.

Suite à ces révélations, l'entreprise Sundance, dont les dirigeants de l'époque ont tous été remplacés depuis, dit avoir mandaté un tiers indépendant pour faire toute la lumière sur cette affaire. Sundance promet aussi de coopérer avec la police fédérale australienne qui dit prendre ces accusations très au sérieux.

De son côté, le ministre de la Communication du Congo-Brazzaville, contacté par RFI, estime que les documents cités par Le Monde (courriels, fax interne, etc.) ne sont pas juridiquement recevables en droit des sociétés. Et qu'à ce stade, l'ouverture d'une enquête au Congo n'est pas justifiée.

Denis-Christel Sassou-Nguesso nie tout lien avec Sundance

Dans un communiqué que son entourage a fait parvenir à la rédaction de RFI, le fils du chef de l’Etat congolais estime que ce « prétendu lien » a été « inventé pour induire les lecteurs en erreur ». Il nie avoir fait ses études avec le juriste Olivier Fabrice Sil. « Cette information a été instrumentalisée pour faire croire à une intervention en vue d’un avantage financier », explique-t-il, dénonçant « une pure affabulation ».

Il en veut pour preuve le fait que selon lui, les statuts de l'entreprise Congo Iron « existent et sont vérifiables, chacun peut les consulter et y reconnaître les vrais actionnaires ; vous n'y trouverez nulle part mon nom », écrit-il.

Denis-Christel Sassou-Nguesso, met donc « au défi quiconque de pouvoir ne fusse que produire un élément prouvant un quelconque contact » entre les représentants de Sundance cités dans l'enquête du Monde Afrique et sa « personne ». « Photos, mails, contacts personnels ou téléphoniques, rencontres, etc., de tout cela, vous ne trouverez rien, car cela n'existe pas ».

Pour Denis-Christel Sassou-Nguesso il s'agit « d'une affaire interne à la société Sundance Ressources, qui aurait mal tourné » poussant un ancien employé, à « verser dans des accusations […] pour des raisons que lui seul doit connaître ».

 

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