Des jeunes hommes restent en bordure du quartier de Rwangoma, très en colère contre l’armée congolaise et la Monusco. « Ils arrivent toujours après. Le président Kabila était là, tout près, il y a quelques jours. Il nous a promis la paix. L’encre n’était pas sèche qu’on a été massacrés », dit un habitant. « La maison où résidait le chef de l’Etat est toute proche, à 2 ou 3 km, en contrebas », indique la population.
Pressés d’abord de quitter le quartier – nous sommes à une heure de la tombée de la nuit – les habitants de Rwangoma restent pour raconter leur calvaire. « Il y a plus de corps que ce qu’on dit : 60, 70, 80, et on continue d’en découvrir », assurent-ils. Un vieil homme, ému, raconte qu’il vient juste d’enterrer son fils. Il a retrouvé le corps à la morgue. « Il était au champ, c’est un cultivateur. Ils l’ont égorgé », dit ce papa d’une soixantaine d’années.
Dans Rwangoma, il y a quelques habitants mais surtout des militaires de l’armée congolaise. Ils patrouillent en uniforme kaki uni, ce qui est plutôt inhabituel. « C’est pour qu’ils puissent se différencier des assaillants qui avaient des uniformes FARDC (Forces armées de la RDC) », indique un civil. Cette mesure avait été annoncée par le général congolais qui dirige les opérations dans le territoire de Beni.
Un officier indique que son régiment reste là jour et nuit pour protéger des maisons vides. « La population a encore peur, mais bientôt, elle va rentrer », assure-t-il. En attendant, si certains reviennent en journée, beaucoup continuent de fuir. Même à la lumière des phares, ce lundi 15 août au soir, à Beni, des colonnes d’habitants partaient, leurs bagages sur la tête.