Les manifestations sont rarement autorisées en Ethiopie et la plupart du temps réprimées. Mais il y a une dizaine de jours, il y a eu une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes contre le gouvernement, à Gondar en région Amhara, sans que la police intervienne. Et cela a incité les Oromos à lancer eux aussi un appel à manifester pour le week-end dernier, en demandant à ce qu’ils soient autorités à manifester pacifiquement.
La réponse a été brutale puisque la police a ouvert le feu sur les manifestants. Et cela démontre une très grande nervosité du régime éthiopien. Ces manifestations en région Oromo durent maintenant depuis neuf mois, mais pour la première fois depuis quelques semaines, elles se sont étendues à la région Amhara et même à Addis-Abeba le week-end dernier.
Or Oromo et Amhara, ce sont 60% de la population éthiopienne. Et donc il y a une inquiétude du régime de voir une convergence de ces deux ethnies contre le gouvernement qui en gros est dominé par la minorité des Tigréens. C’est aussi la raison pour laquelle, internet et les réseaux téléphoniques sont maintenant régulièrement coupés en Ethiopie depuis le mois dernier.
Une chape de plomb sur l'opposition
Il y a beaucoup de griefs différents. Le premier, c’est sans doute l’appropriation de terres par le gouvernement à la fois en région Oromo et en région Amhara. Mais au final, le point commun, c’est le manque d’espaces politiques en Ethiopie.
La coalition au pouvoir a gagné les élections l’an dernier avec 100% des sièges. Il n’y a pas d’opposition. Les opposants sont jetés en prison. Et dans ces manifestations, on voit des manifestants qui demandent la libération des prisonniers, on voit beaucoup le mot de « liberté », on voit les demandes d’un arrêt de la répression. Et en fait, ces manifestants remettent en cause tout simplement la main de fer du régime qui dirige l’Ethiopie depuis 25 ans et qui a certes apporté un développement économique, mais qui est aussi de plus en plus dur en matière de libertés.
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