Selon le général Lamidi Adeosun, commandant de la Force multinationale conjointe chargée de lutter contre Boko Haram, « nous pouvons dire que Boko Haram a en son sein deux leadership : celui de Shekau et celui de Al -Barnawi, reconnu par l'Etat islamique ». Mais, continue Lamidi Adeosun, « cette scission ne change rien dans les zones de combat. Qu'il y ait un ou deux groupes, nous savons que les combattants de Boko Haram sont concentrés dans deux zones particulières du Nigeria, l’une au sud et l’autre au nord. Cela ne change rien mais confirme juste que nous devons les attaquer là où ils sont. C’est déjà ce que nous faisons en ce moment ».
« Leur division en interne, poursuit le militaire nigérian, ne change pas beaucoup notre stratégie. Dans les cinq pays engagés dans la coalition, il y a des opérations militaires nationales contre les hommes de Boko Haram qui se cachent dans ces zones. La force multinationale conjointe, elle, se concentre sur les frontières. Boko Haram perd du terrain. Qu’ils soient ensemble ou qu’ils soient divisés, nous continuerons à les combattre jusqu'à ce qu'ils ne soient plus capable d'envoyer des combattants sur le terrain ».
Une crise humanitaire gravissime
De son côté, l'ONG Première urgence internationale tire la sonnette d'alarme au sujet des réfugiés liés à cette crise. Au Nigeria, depuis mai 2013, la violente insurrection menée par le groupe islamiste Boko Haram a conduit d'importants déplacements de populations et une crise humanitaire sans précédent dans la région du lac Tchad. A l’heure actuelle, l'armée a repris le contrôle des principales villes et de quelques villages dans l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria. Mais l'ampleur réelle de la crise n'a toujours pas été révélée au monde. D’après Elsa Softic, responsable de l’ONG Première urgence internationale, la situation sanitaire des populations est critique : « On a trois Etats du nord-est du Nigeria qui sont touchés, Borno, Adamawa et Yobe, qui ont été énormément impactés par le groupe armé Boko Haram. On a deux situations. La première, c’est dans les zones qui ont été libérées par l’armée où l’ampleur des besoins est telle que même, dans ces zones libérées où l’accès est facilité et faisable, on n’a pas encore pu faire un état des lieux de toute la situation humanitaire, de tous les besoins qui s’y trouvent. On n’a pas pu encore enregistrer tous les déplacés et toutes les personnes dans le besoin ».
« Malgré cela, indique Elsa Softic, on peut y intervenir et, aujourd’hui, c’est ce que fait Première urgence internationale, notamment dans la ville de Maiduguri. Dans un deuxième temps, on a les zones qui ont été soit très récemment libérées, soit pas encore libérées par l’armée nigériane, et qui du coup font face à des situations humanitaires très graves, notamment en termes de sécurité alimentaire. On fait face à des taux de malnutrition extrêmement hauts. On parle de plus de 20% des enfants en malnutrition sévère aigüe, et dans des zones où l’accès est encore extrêmement limité pour des raisons essentielles de sécurité ».