Tabalo habite au quartier Toudou à Agadez juste en bordure de la vallée Telwa. En cette saison de pluie, elle ne dort plus pratiquement la nuit de peur d’une inondation : « Nous avons été inondés partout ici. Nous avons même commencé à évacuer nos biens. Nous avons eu une de ces peurs ! Désormais, dès que le ciel menace on monte la garde pour éviter d’être envahi par les eaux ».
Dans son jardin, à quelques kilomètres de là, Aboubacar coupe les mauvaises herbes. Lors des dernières inondations, l’eau a tout emporté dans son jardin. « J’ai perdu des romarins, des citrons, des goyaviers, des bananiers. Ils ne sont plus là, ils sont partis. Mon fourrage, il a été ensablé, seulement j’ai enlevé le sable ».
Quand on lui demande de déplacer son jardin de la zone inondable, voici sa réponse : « On s’est nourri ici. Je suis un père d’une famille de dix enfants, voilà donc je me nourris dans ce jardin si je dois me déplacer, où je pourrais aller ? » Aboubacar évalue ses pertes suite à cette inondation à plus de trois millions de francs CFA.
Le traumatisme des dernières inondations
La vallée de Boughoul, à une trentaine de km au Nord-Est d’Agadez, au bout d’une piste tortueuse, dans les rochers. C’est cette vallée qui a fait 3 morts dans la nuit du 18 au 19 juillet suite aux inondations. Cette nuit-là beaucoup ont eu la vie sauve en s’accrochant aux arbres.
« Certains de nos enfants étaient à l’école quand l’eau s’est déchaînée, ils ont saisi un arbre, l’eau l’avait arraché et ils se sont accrocher à un autre arbre à côté. Ils sont restés ainsi accrochés à l’arbre jusqu’a ce que l’eau s’est retiré », témoigne Ghissa Satafou, chef du village de Tanout N’ghaidan.
L’autre vallée qui fait aussi d’importants dégâts c’est celle de Issegh Seghan plus loin. Moussa Atano habite la zone.
« Rien que dans notre zone nous avons perdu au moins trois cents tête de bétail y compris des dromadaires, se désole-t-il. Quand tu arrives dans les environs tu ne pourras même pas respirer à cause de l’odeur nauséabonde de cadavres d’animaux. Beaucoup de maisons se sont effondrées aussi. »
Le bilan officiel de ces inondations comptabilise plus de 1800 jardins ensevelis et plus de 1000 têtes de bétail emportées par les eaux.