Des hommes, des femmes, et beaucoup d'adolescents, sont parqués dans la prison d'Al-Houda. Tous Erythréens, capturés par la police soudanaise alors qu'ils cherchaient à passer en Libye et embarquer à bord d'un bateau de fortune pour l'Europe.
Le prêtre érythréen Mussie Zerai est en contact avec leurs familles. « Ils sont maltraités. Des représentants de l'ambassade d'Erythrée sont admis dans la prison. Ils leur ordonnent de signer un papier disant qu'ils acceptent d'être renvoyés dans leur pays. Ils veulent faire croire qu'il s'agit de retours volontaires, mais ce n'est pas le cas ! D'ailleurs, la police soudanaise interdit tout moyen de communication, comme les téléphones portables. Ils veulent empêcher les réfugiés d'entrer en contact avec leur famille ou les organisations internationales, parce qu'il s'agit de violations flagrantes de la Convention de Genève ! »
En mai, plus de 400 Erythréens avaient déjà été renvoyés de force dans leur pays. Une radio indépendante avait alors enquêté sur leur sorte après leur retour. « La plupart ont d'abord été envoyés dans le centre de tri d'Adi Abeïto, pour être identifiés, raconte Amanuel Ghirmai, journaliste de Radio Erena. Quand leurs familles ont cherché à leur rendre visite, les gardes leur ont interdit l'accès. Ensuite, ils ont été envoyés au camp militaire de Sawa, où ils ont été forcés de travailler à la préparation d'un festival d'été pour la jeunesse du parti unique. Ils ont travaillé jour et nuit à la réfection des baraquements militaires. »
Tous deux dénoncent le rôle néfaste joué dans ces rafles par le processus de Khartoum, le mécanisme européen de coopération avec les pays de transit et d'origine des migrants africains.
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