Au Palais de justice de Paris, Raphaël Reynes
C'est une peine extrêmement sévère. La peine maximale, ou presque, puisque les jurés de la cour d'assises ne l'ont pas assortie d'une période de sûreté, comme ils auraient pu le faire.
L'un des avocats de la défense avait qualifié la perpétuité de « peine capitale », comme la peine de mort n'existe pas en France. La défense plaidait l'innocence et a quitté la salle très rapidement, ce mercredi 6 juillet au soir, visiblement très ébranlée après l'énoncé du verdict.
Pas de commentaire, sauf pour dire sa déception et annoncer un très probable appel. « Comme vous l'imaginez, je suis extrêmement déçu de cette décision. Pas forcément surpris », a reconnu Me Philippe Meilhac, l'avocat de Tito Barahira.
Satisfaction des parties civiles
A l'inverse, les parties civiles se sont félicitées de la décision de la cour. « Elle est à la hauteur des crimes commis lors du génocide », a déclaré l'avocat de l'association de rescapés Ibuka, Me Gilles Paruelle. « Les jurés ont entendu à la fois les demandes de l'avocat général, mais plus encore je pense que les jurés ont entendu la détresse des rescapés, a salué Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda. La détresse des victimes pour lesquelles nous nous battons depuis près de vingt ans. »
« Contrairement à ce que dit la défense, nous ne sommes pas des va-t-en-guerre ni des "parties civiles politiques", poursuit-il. Je craignais la décision, je n'étais pas du tout confiant. [...] Ça veut dire que peut-être, enfin, c'est fini en France de vivre dans l'impunité. Et je pense que ça va être un signal donné à tous les autres qui devraient un jour paraître devant une cour d'assises. »
Les arguments de la défense balayés par les juges
Les jurés ont donc suivi à la lettre les réquisitions de l'avocat général et n'ont pas souscrit aux arguments de la défense, qui avait tenté d'adoucir l'image des deux accusés, en présentant Tito Barahira comme un homme malade, au bout du chemin, et Octavien Ngenzi comme un bourgmestre dépassé par les événements de 1994.
Pour la justice française, les deux hommes sont pourtant bel et bien coupables de génocide et de crime contre l'humanité.