Deux semaines d'âpres négociations et, à la fin, un coup de tonnerre pour l'Erythrée. Jusqu'à la dernière minute, le pays de la Corne de l’Afrique a tenté de faire passer son propre texte, qui l'exonérait de presque tout. Mais c'est finalement une version remaniée de la résolution de Djibouti et de la Somalie qui a été adoptée par consensus, donc sans vote.
Dans la résolution, le Conseil des droits de l'homme demande la saisine des « organes pertinents » des Nations unies. Sous-entendu, le Conseil de sécurité, seul habilité à saisir le procureur de la Cour pénale internationale. Mais la décision appartient désormais à l'Assemblée générale de l'ONU, qui devra voter sur le sujet.
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Plus important, la résolution « encourage » l'Union africaine à mettre en place un tribunal spécial pour enquêter et « conduire devant la justice » les auteurs de crimes, c'est-à-dire les dirigeants érythréens.
Dans les couloirs du Conseil, à Genève, on dit que l'exemple du procès de l'ancien président tchadien Hissène Habré a inspiré cette demande. Il est vrai qu'avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine et leur droit de véto, le Conseil de sécurité est majoritairement hostile à la Cour pénale internationale. Et qu'il y a donc des chances pour que cette voie soit une impasse, d'où le recours privilégié à l'organisation continentale.