Dans les rues de Tunis, ils sont plusieurs, comme Anis, à avouer qu'ils jettent tous les jours de la nourriture après le repas de rupture du jeûne : « On achète quatre ou cinq baguettes. Pour nous, notre consommation ne dépasse pas deux baguettes. »
En français, on appellerait ça avoir les yeux plus gros que le ventre. En Tunisie, il existe une autre expression. Mohammed Ali, un étudiant, explique laquelle : « On dit en arabe qu’on mange avec nos yeux. Quand on n’a pas mangé pendant je ne sais pas combien, huit-dix heures, on dit qu’au repas on peut manger tout ce qu’on veut. »
300 000 dinars de pain gaspillé
L'envie d'acheter est accentuée par le contexte festif, l'idée de célébrer en famille.
Exemple de ces excès, la consommation de pain : elle fait plus que doubler pendant le mois de ramadan, et augmente d'une année sur l'autre.
« Ceci se traduit par du gaspillage que l’Institut national de la consommation a évalué à plus de 850 000 pains qui sont gaspillés par jour. Et ça, c’est très important », explique Tarek Ben Jezia, directeur de l'Institut national de la consommation.
Cela revient à 300 000 dinars par jour, l'équivalent de 120 000 euros. Ces chiffres alarment d'autant plus les autorités que le pain est subventionné par l'Etat. Le gouvernement a donc lancé une campagne publicitaire pour inciter les Tunisiens à n'acheter que les baguettes qu'ils sont sûrs de manger.