Contre Jean-Pierre Bemba, 25 ans de prison au minimum ont été requis par la procureure Fatou Bensouda pour avoir fermé les yeux sur le régime de terreur infligé par sa milice en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) s'était rendu dans le pays pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé. Près de 1 500 hommes, sous le commandant de Jean-Pierre Bemba, avaient tué, pillé, et violé. Des viols, considérés pour la première fois par la CPI comme des crimes de guerre. Selon les experts, il y avait la volonté de terroriser et de torturer.
La peine qui est prononcée par trois juges devrait être exceptionnelle à plusieurs titres. Jean-Pierre Bemba sera la personne la plus haut placée condamnée par la CPI jusqu'à présent. Si les juges suivent le réquisitoire de la procureure, ce serait également la peine la plus lourde jamais prononcée par cette juridiction. Légalement, l'institution ne peut condamner à plus 30 ans de prison, sauf si la gravité des crimes le justifie auquel cas l'emprisonnement à vie est possible. C'est aussi la première fois qu'un accusé est condamné en vertu du principe de responsabilité du commandant, c'est-à-dire pour les exactions commises par ces hommes.
C'est d'ailleurs sur ce point que s'était appuyée la défense. Selon l'avocat Peter Haynes, son client n'a pas réussi à contrôler une petite partie de ses troupes à des milliers de kilomètres, ce qui ne peut engager sa responsabilité. Les avocats de Jean-Pierre Bemba ont d'ores et déjà annoncé qu'ils allaient faire appel de cette condamnation précisant que « sur les aspects matériels, l'ensemble du procès a été contestable et inéquitable ».