RDC: la hausse du tarif des données internet mobile fait polémique

En République démocratique du Congo, la hausse du tarif des données internet mobile suscite depuis quelques jours beaucoup de spéculations. Cette hausse va de 35 % à 500 %, selon les opérateurs et les offres. Dans un moment de tension politique, certains activistes s'interrogent sur une répression indirecte de la part des autorités, avec la complicité des opérateurs. Et d'envisager des actions de protestation. L'autorité de régulation de la poste et des télécommunications a promis une réponse aux médias.

L'un des opérateurs de téléphonie concernés a démenti toute décision coordonnée ou injonction des pouvoirs publics, mais parle d'une hausse au coût réel de l'Internet mobile en RDC. Et le ministre des Télécommunications a été interpellé à l'Assemblée par un député de la majorité.

Les consommateurs, eux, ne cachent pas leur mécontentement. « Je ne suis pas content. C’est trop cher ! Trop cher ! Tellement que je n’ai même pas acheté ! », proteste un client, passablement excédé, sortant d'une boutique de téléphonie mobile.

De fortes variations des coûts en Afrique

Benjamin Litsani Choukran est l'un des fondateurs des sites internets Direct.cd et Politico.cd. Il n'est pas moins mécontent : « On ne peut plus travailler comme avant et le coût d’exploitation ne fait qu’augmenter », relate-t-il.

Et d'ajouter : « Pour nous, on ne comprend pas comment, dans un pays normal, en 2016, on peut opérer une telle modification tarifaire sans pour autant, premièrement aviser les gens et deuxièmement, nous expliquer les vraies raisons. Par exemple, en Afrique du Sud, pour le même prix, on paierait 10 dollars, alors qu’ici je dois payer 500 dollars. Et à ce moment-là, je m’en prends à l’Etat, parce que l’Etat doit me protéger, l’Etat doit me trouver des solutions. »

Malgré le contexte politique tendu, ce patron envisage même de participer à l'un des mouvements de protestation qui se créé sur Internet, « Nuit debout Kinshasa », dont l'unique revendication est de voir les prix baisser.

Enquête de l'ARPTC

« Nous avons constaté comme tout le monde cette flambée du prix de l’Internet, confie le vice-Premier ministre en charge des Nouvelles technologies, Thomas Luhaka. Certains forfaits ont même été multipliés par huit. Et lorsque nous avons constaté cela, nous avons saisi, dans notre organisation administrative, l’autorité qui fait la police du secteur des télécommunications (l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, l'ARPTC, ndlr) pour qu’elle puisse mener une enquête pour savoir quelles sont les raisons qui peuvent expliquer cette hausse brutale du prix de l’Internet. »

Le vice-Premier ministre en charge des Nouvelles technologies explique que contrairement à l'eau, l'électricité, les transports publics et le carburant, les télécommunications ne font pas partie des « prix administrés », c'est-à-dire des prix contrôlés par l'Etat, comme le prévoit la législation. « Les prix des télécommunications ne sont pas administrés, ils sont fixés par la concurrence. Mais je subodore, et je suis inquiet, de constater que les opérateurs ont tous augmenté les prix en même temps. C’est comme si il y avait une concertation. Et s’il y a eu concertation préalable, c’est en violation de la loi, car la loi prohibe les ententes entre opérateurs pour augmenter les prix. »

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