Muramvya est sous le choc, après l'incarcération de ces jeunes lycéens, cinq filles et six garçons âgés de 14 à 19 ans, pour « outrage à chef d'Etat ». Tout a commencé jeudi matin lorsque les très redoutés SNR, les services secrets burundais qui dépendent directement du président, ont décidé de frapper fort pour tenter d'enrayer la multiplication dans les écoles du pays des cas de dégradation observés sur les photos du président Pierre Nkurunziza qui se trouvent dans des manuels scolaires.
Les agents du service national de renseignement ont interpellé une vingtaine d'élèves dans quatre établissements de la ville de Muramvya, au centre du Burundi, et dans ses environs. Immédiatement après les premières arrestations menées au lycée communal de Muranvya, des centaines de lycéens sur les 1 400 que compte cet établissement ont manifesté pour réclamer la libération de leurs camarades, selon des témoins.
Des policiers affectés aux services secrets ont alors tiré, blessant deux lycéens et un motard qui passait par hasard. Puis les choses sont allées très vite. La vingtaine de lycéens interpellés ont été entendus au parquet de Muramvya avant d'être inculpés d’« outrage à chef d'Etat », qui est passible de cinq à dix ans de prison au Burundi.
Un parent d'élève qui a vu sa fille d'à peine quinze ans entrer dans la sinistre prison centrale de Muramvya se demandait « pourquoi elle », car dit-il, ces manuels étaient utilisés collectivement.