Le docteur Denis Mukwege dit d'abord toute son indignation. « Les images de ces atrocités de masses sont insupportables, écrit-il. Des femmes enceintes éventrées, des bébés mutilés, des êtres humains ligotés et égorgés à l'arme blanche. »
« Les Congolais sont exaspérés, meurtris, humiliés », poursuit le docteur et selon lui, ils « se mobilisent pour parvenir au changement tant attendu ».
« Changement radical »
Car au-delà de l'indignation, le docteur Mukwege adresse un message politique aux autorités. Il les accuse d'être en train d'organiser « une impasse politique » en préparant « un glissement » du calendrier électoral. Glissement « extrêmement dangereux » à ses yeux.
Le gynécologue cite notamment la récente « bataille » d'interprétation de la Constitution qui pourrait in fine permettre au président de rester pouvoir au-delà de son mandat. Une « manœuvre dilatoire », dénonce le docteur « ayant pour objectif de perpétuer un chaos organisé » dans le but de préserver « les privilèges de quelques proches du pouvoir ».
Il appelle donc à un « changement radical » de système et reproche enfin à la communauté internationale son inaction, l'accusant d'avoir trop longtemps sacrifié la justice sur l'autel de la paix. Et de déplorer : A ce jour, « nous n'avons ni la justice ni la paix ».
Mi-mars déjà, le docteur Mukwege avait accusé les autorités de multiplier les manœuvres en vue de retarder les élections au-delà des délais prévus par la Constitution.