Au marché d'Analakely à Antananarivo, Aristide est vendeur de poissons d'eau douce. Chez lui, le gaspillage n'existe pas : « On ne gaspille pas le poisson. On vend d’abord quand il est frais, mais quand il est pourri, on va le faire sécher ». Aucune perte ou presque donc dans la filière du poisson d'eau douce dans la capitale.
C'est aussi ce qu'a constaté Stéphane Guilbert, professeur en sciences de l'Aliment à Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellier. Il vient de mener une étude pour l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) sur la réduction des pertes et gaspillages dans les grandes villes mondiales : « Si les poissons ne sont pas achetés le premier jour, la qualité va se dégrader et ils trouveront quand même preneurs, mais à des tarifs beaucoup plus bas. Donc il n’y a pas vraiment de gaspillage. Par contre, là on est dans un cas où il n’y a quasiment aucun contrôle sur la qualité sanitaire du poisson ».
Tout est question d'arbitrage
D'après le chercheur, si des normes plus strictes étaient appliquées, beaucoup de poissons ne pourraient être vendus et seraient alors perdus. Entre gaspillage et sécurité sanitaire, tout est donc question d'arbitrage.
Ainsi sur la Grande île, ce n'est pas en milieu urbain que les choses posent problème, mais en milieu rural. Stéphane Guilbert : « Dans un pays comme Madagascar, ce sont les pertes après récoltes qui sont importantes. On a du mal à stocker et à amener les produits jusqu’au marché ».
Améliorer le stockage et le transport des récoltes pour éviter pertes et gaspillages alimentaires à Madagascar : une solution réalisable à condition que les infrastructures routières soient, elles aussi, améliorées.