Ouganda: des questions sur le sort réservé à l'opposant Kizza Besigye

Depuis plusieurs semaines à Kampala, le président Yoweri Museveni semble resserrer de plus en plus l’étreinte de son pouvoir. Des mesures liberticides, notamment la coupure des réseaux sociaux ainsi que l’interdiction pour les médias de couvrir en direct les événements de l’opposition, ont été prises. L’inculpation vendredi 13 mai de Kizza Besigye pour trahison au lendemain de la prestation de serment de Museveni vient s’ajouter à cela. De nombreuses questions sont posées sur le traitement de l’opposant.

Parmi les nombreuses interrogations, la question du lieu de détention de l’opposant Kizza Besigye est dans toutes les têtes. Pourquoi est-il retenu à Moroto, une zone difficile d’accès ? « Même si c’est un cas de trahison, sa famille doit être mise au courant, déplore Patrick Tumwine, responsable du département plaidoyer et communication du réseau ougandais des droits de l’homme. Sa famille s’est vraiment plainte de kidnapping. Kidnapper quelqu’un, l’emmener loin de Kampala, le conduire à Jinja, et de Jinja jusqu’au Karamoja. Donc qu’est-ce que c’est ? Est-ce que cela signifie qu’ils ont besoin qu’il n’ait pas accès à sa famille ? Parce que pour aller d’ici jusqu’au Karamoja, cela peut vous prendre 12 heures, si vous parvenez à y aller parce que les routes sont peu praticables. Pourquoi l’emmener si loin ? »

Pour Mugisha Muntu, le président du parti FDC, le parti de Kizza Besigye, candidat malheureux à l’élection présidentielle, la raison ne fait aucun doute : « La peur. Ils ont peur, le régime panique, assure-t-il. Pourquoi ne pas l’avoir inculpé par une cour ici à Kampala ? Pourquoi ils ne le détiennent pas dans une prison aux alentours de Kampala ? La force ne fonctionnera pas. La manipulation ne marchera pas. L’usage de la propagation de la peur ne fonctionnera pas. »

La police n’a pas souhaité s’exprimer sur l’arrestation de l’opposant, ni sur les conditions de son transfert dans l’est du pays. Trois jours après son arrestation, Kizza Besigye n’avait pas encore été autorisé à parler à ses avocats, dénonce le chef du parti.

Une réunion au sein du parti doit se tenir lundi à Kampala sur les décisions à prendre. Une équipe d’avocats doit se rendre très prochainement auprès de Kizza Besigye.

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