Global Witness s'inquiète d'une possible utilisation électorale des mines en RDC

Global Witness tire la sonnette d'alarme et s'inquiète d'une possible exploitation des ressources naturelles à des fins électorales en République démocratique du Congo. Dans un rapport, l'ONG Britannique déplore la multiplication de contrats « opaques » signés entre la compagnie minière publique et des entreprises étrangères.

La crainte de Global Witness, c'est que l'opacité de ces contrats ne masque d'importants détournements de fonds qui pourraient servir à financer illégalement la campagne du pouvoir. Un scénario déjà observé en 2011, selon l'ONG. Peter Jones, chargé de campagne pour Global Witness, craint que l'histoire ne se répète.

« Nous pensons que le risque est réel, parce que si on regarde les contrats miniers conclus à l'approche des précédentes élections, en 2006 mais plus encore en 2011, on remarque des tendances : transactions passées sous silence, recours aux paradis fiscaux, pointe M. Jones. En 2011, on estime que cela a représenté pour les Congolais un manque à gagner de 1,3 milliard de dollars… de l'argent dont on a de bonnes raisons de penser qu'il a été utilisé pour financer la campagne électorale du président Kabila. »

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Ce qui inquiète Global Witness aujourd'hui, ajoute-t-il, « c'est que l’on assiste à une nouvelle recrudescence de ce type de contrat, avec des accords secrets, le recours aux paradis fiscaux, etc. Et dans le contexte politique difficile qui prévaut en RDC à l'approche de l'élection présidentielle, nous craignons que de l'argent ne soit à nouveau détourné. »

Contrats avec Glencore et des entreprises chinoises

Le chargé de campagne de l'ONG rappelle notamment que mi-2015, l'agence de presse Bloomberg avait révélé l'existence de plusieurs contrats secrets, dont l’un a été conclu avec Glencore, un négociant en matière première côté en bourse à Londres. « Il a fallu que l'information sorte dans les médias pour que la transaction soit officiellement confirmée et même comme ça on ne connait toujours pas les détails du contrat, dénonce Peter Jones. Or, cette entreprise appartenait pour 30 % à l'Etat congolais, donc on doit savoir quel somme d'argent a été versée à la RDC et où est passé l'argent.

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Mais ces contrats ne sont pas les seuls, selon l'ONG, qui souligne également « une multiplication des contrats passés avec des entreprises chinoises. On parle de contrats potentiellement énormes qui ont été annoncés par la compagnie minière publique mais sur lesquels, là encore, nous n'avons aucun détail, ce qui est contraire à la loi. La multiplication de ces transactions secrètes nous semble très inquiétante en cette période pré-électorale troublée en RDC. »

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