Procès des Rwandais Ngenzi-Baharira: la défense se dit «démunie»

Deux ans après un premier procès en France pour les massacres de 1994 au Rwanda, un nouvel acte s'est ouvert mardi 10 mai à Paris, où deux anciens bourgmestres comparaissent pour leur participation directe présumée au génocide. La défense d'Octavien Ngenzi et Tito Barahira fourbit ses armes.

Avec notre envoyé spécial à la cour d’assises de Paris,  Franck Alexandre

La défense d'Octavien Ngenzi et Tito Barahira est en colère : ce procès est « inéquitable », juge-t-elle, et elle le fait savoir haut et fort, et les griefs sont nombreux. Les parties civiles citent soixante-dix témoins dont la moitié vont venir du Rwanda, alors que la défense ne peut faire venir que cinq témoins pris en charge par le ministère public.

Les avocats s'insurgent également contre les témoignages recueillis avec l'aide du gouvernement rwandais. Ils dénoncent aussi l'absence de carte et de relevés topographiques. Et ce n'est pas fini. « Nous sommes dans un procès qui se veut historique, donc exemplaire. A aucun moment, nous autres, avocats de la défense, n'avons pu nous rendre au Rwanda, que ce soit dans le cadre dans la procédure ou même plus largement par nos propres moyens. Nous n'avons aucun moyen d'aller sur les lieux. Et c'est quelque chose d'assez fondamental dans une procédure criminelle. Une cour d'assises doit juger de manière pragmatique et doit pouvoir avoir en tête un certain nombre d'éléments », s'agace Philippe Meilhac, avocat de Tito Barahira. « Vous avez devant vous une défense démunie », a-t-il lancé à la Cour.

Ce procès, « c'est le combat du tgre contre l'âne ficelé », a lâché à la Cour Françoise Mathe, l'avocate d'Octavien Ngenzi, visiblement excédée, mais bien décidée à ne rien lâcher.

Le génocide rwandais pour la deuxième fois devant les assises à Paris

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