A La Haye, devant une Cour chargée de juger l’ex-président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, pour crimes contre l’humanité, un homme, un témoin, s’est remémoré l’horreur et notamment avril 2011.
La Côte d’Ivoire était alors en pleine crise post-électorale, au bord de la guerre civile. Des miliciens faisaient régner la terreur à Yopougon, surtout ceux qui rôdaient autour des mosquées. A l’époque, certains pro-Gbagbo soupçonnaient ces mosquées d’abriter des armes. Aux juges, le témoin dira tout autre chose.
Sa voix est modifiée à tel point qu’il est parfois difficile de comprendre ce qu’il dit mais il réussit, malgré tout, à décrire, dans le détail, ce qu’il a vu et ce qui lui est arrivé.
Il explique au substitut du procureur, Eric McDonald, qu’il a été agressé sexuellement avec une arme. Il ajoute qu’il n’a pas pu identifier son agresseur car il a fermé les yeux. Une dizaine d’hommes étaient derrière lui.
Mais il dit avoir vu un homme se faire dépecer à la hache et un autre homme se faire asperger d’essence et brûler vif.
« Qui donc était là ? Des miliciens ou des gardes présidentiels ? Qui avez-vous reconnu ? » Le substitut du procureur le bombarde de questions, lui montre une photo et insiste : « Sur cette photo, de qui s’agit-il ? ». Le témoin ne sait pas toujours. Il s’en excuse. « Ma vue est moins bonne qu’avant », précise-t-il.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sontjugésdepuis le 28 janvier dernier pour leurs présumées responsabilités dans la crise postélectorale de 2011 qui aurait fait, selon l’ONU, plus de 3 000 morts.