Maître Mamadou Traoré, ex-bâtonnier du Burkina Faso a été inculpé et incarcéré lundi dernier pour « atteinte à la sûreté de l'Etat, coups et blessures volontaires, complicité de coups et blessures volontaires et assassinats » dans le cadre du putsch manqué de septembre 2015. Maître Traoré a été inculpé par le juge d'instruction militaire à la maison d'arrêt et de correction des armées. Les avocats du Burkina Faso, dans une déclaration, ont dénoncé la procédure d'inculpation et incarcération de l'ex-bâtonnier.
La conférence des barreaux de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) vient renforcer la thèse des avocats burkinabè, qui estiment que la procédure ayant conduit à l'arrestation de maître Mamadou Traoré, ancien bâtonnier du Burkina Faso, est entachée d'irrégularités.
« Sans préjuger sur quelque fait que ce soit, nous avons relever que d’emblée, sa mise en accusation, qui devait passer par le respect de l’article 6 du règlement numéro 05, n’a pas été. Et nous entendons adresser à qui de droit des lettres de protestation », fait savoir maître Seydou Sidiki Coulibaly, président de la conférence des barreaux de l'UEMOA.
Apres avoir rencontré, certaines autorités judiciaires du pays, et rendu visite à maitre Mamadou Traoré, à la maison d'arrêt et de correction des armées, la conférence des barreaux de l'UMOA dénonce une « violation d'un règlement » de l'UEMOA.
« Nous ne savons pas aujourd’hui ce qui est exactement reproché au bâtonnier Traoré mais nous disons qu’il bénéficie de la présomption d’innocence et ces droits, en tant qu’avocats, n’ont pas été respectés conformément au règlement de l’UEMOA et que nous entendons protester auprès de qui de droit de la violation de ce règlement », rappelle maitre Moussa Coulibaly, vice-président de la conférence des barreaux de l'UEMOA.
La conférence des barreaux de l'UEMOA demande au Burkina Faso le respect strict des textes internationaux. La nouvelle inquiète également la communauté internationale des avocats.
Maître Pierre-Olivier Sur, ancien bâtonnier de Paris, se dit prêt à se rendre au Burkina Faso pour défendre les droits de son ami et collègue. « A l’évidence, on est dans un schéma de détournement de procédure, de détournement de pouvoir où la justice militaire veut museler l’un des plus brillants avocats du Burkina Faso. Nous avons le devoir de dénoncer cela aux yeux du monde. (…) Je pense que le sort qu’on lui fait est extrêmement préoccupant, non seulement pour lui à titre personnel aujourd’hui – il est privé de liberté - mais aussi pour le Burkina Faso et l’Afrique. »