Les présidents du Kenya, de l'Ouganda, du Gabon, ainsi que de nombreuses ONG
pour la protection de l'environnement veulent trouver des réponses au déclin de la population d'éléphants, grandes victimes du braconnage pour leurs défenses.
« Perdre nos éléphants, ce serait perdre une partie essentielle de l'héritage qui nous a été confié », a déclaré le président kenyan. « Nous ne serons pas les Africains qui sont restés sans rien faire devant la disparition des éléphants », a-t-il ajouté.
Samedi après-midi, 105 tonnes d’ivoire vont être brûlées, soit la majeure partie du stock d'ivoire accumulé par le Kenya depuis 1989. C’est la plus grande quantité d'ivoire jamais détruite en une seule fois, représentant environ 5% du stock d'ivoire mondial.
Mettre les communautés locales au centre
Un acte symbolique, mais pour Lamine Sebogo, directeur de la conservation des éléphants en Afrique pour le Fonds mondial pour la nature (WWF), pour mettre fin au trafic, il faut aussi des solutions locales.
« Cette incinération d’ivoire témoigne d'abord de l’engagement des leaders politiques de très haut niveau à s’attaquer au fléau actuel qu’est le braconnage. Mais nous, nous mettons l’accent sur l’engagement des communautés. Ces communautés qui vivent aux côtés de la faune, ces communautés qui sont des voisins immédiats des espèces que nous protégeons. Nous travaillons à ce que ces communautés bénéficient des retombées liées à la gestion des espèces avec lesquelles ils partagent l’environnement. L’idée c’est de faire en sorte qu’ils soient propriétaires, qu’ils soient engagés, qu’ils soient concernés, qu’ils soient les premiers intéressés à la conservation des espèces de leur environnement et qu'ils soient également les premiers bénéficiaires des retombées. »
Il faut dire « stop à l’ivoire »
Une mesure exemplaire certes, mais qui n’est pas suffisante pour Frédéric Noël, responsable de l’association Sauvez les éléphants d’Afrique.
« C’est un grand symbole. Le Kenya veut lutter contre le braconnage. C’est toujours utile, mais malheureusement c’est destiné au grand public. Les braconniers, ça ne les arrêtera pas. Les braconniers, le problème c’est qu’ils sont beaucoup mieux armés que les rangers. Ce sont souvent des terroristes qui financent tout ça. Donc c’est une véritable armée que l’on a en face de nous. Il faut surtout que ce ne soit pas une vitrine cette crémation. C’est bien, mais il ne faut pas que ce soit juste de la publicité que fait le gouvernement kenyan pour lui. Ça ne suffira pas. Il faudrait que la CITES, l’organisation internationale qui protège les espèces animales classe en annexe 1 l’éléphant pour le sauver. Interdiction totale du commerce de l’ivoire. Ce sera la seule chose qui pourra les sauver. Que des pays comme les Etats-Unis et la Chine disent stop à l’ivoire. Tant qu’au niveau mondial, on n’aura pas pris la décision de sauver les éléphants, ça sera très dur de pouvoir les sauver. »
Le président kenyan Uhuru Kenyatta a assuré ce vendredi qu'il demanderait « une interdiction totale du commerce de l'ivoire » à la prochaine réunion de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), en septembre à Johannesburg.