Le Kenya brûle 105 tonnes d'ivoire pour lutter contre la contrebande

105 tonnes d’ivoires brûlées en public à Nairobi au Kenya ce samedi 30 avril, c’est la plus grosse incinération de défense d’éléphant jamais organisée. Un spectacle très télégénique pour alerter le monde entier sur la gravité du trafic d’ivoire.

Sous le ciel gris du parc national de Nairobi, le président kényan Uruhu Kenyatta, a mis le feu à la première pyramide de défense d’éléphant. Le président gabonais Ali Bongo s’est ensuite prêté à l’exercice. En tout, onze pyramides d’or blanc sur plus de 3 mètres de haut, 105 tonnes d’ivoire ont été enflammées. Un geste symbolique pour la lutte contre le braconnage des éléphants, décimés pour leur défense.

Devant un parterre de personnalités politiques et face aux caméras du monde entier, le président gabonais s’est montré confiant en l’avenir des éléphants, il a adressé un message aux braconniers et aux trafiquants d’ivoire : « Vos jours sont comptés, vous feriez mieux de vous mettre à la retraite avant que nous ne vous y mettions ».

Uruhu Kenyatta, lui, a appelé à l’interdiction totale du commerce d’ivoire. La survie d’environ 500 000 éléphants d’Afrique est en jeu. Le président kényan a martelé un principe clair : l’ivoire appartient aux éléphants, et il n’a aucune valeur, à part sur les pachydermes.

Ce bûcher d’ivoire, le plus gros jamais organisé a été diffusé en direct dans le monde entier. A Londres, New York, Sidney et surtout à Pékin pour avertir le grand public. Aujourd’hui, la Chine reste le plus gros pays demandeur d’ivoire, le kilo se négocie autour de 1 000 euros.

La France va interdire tout commerce d'Ivoire sur son territoire

En marge de cette cérémonie d'incinération, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé l'interdiction de « tout commerce d'ivoire sur le territoire ». Il  ne sera donc bientôt plus possible de revendre ou d'acheter de l'ivoire en France, sauf dérogation exceptionnelle. Une première dans un pays d'Europe, selon le gouvernement. Une initiative qui répond à une demande des Etats africains pour lutter contre le braconnage.

Pour Charlotte Nithart, porte-parole de l'association de protection de l'environnement Robin des Bois, cette mesure est « réalisable » et « crédible ». « C'est une mesure importante qui fait partie des derniers outils que l'on a pour essayer de sauver les derniers éléphants, explique-t-elle. Donc c'est une mesure très positive qui, bien entendu, maintenant doit être concrétisée dans les faits et on attend d'avoir des informations sur les modalités pratiques pour mettre en oeuvre cette mesure ».

Mais, prévient Charlotte Nithart, son application risque d'être lente en raison des modifications qu'il va falloir apporter à la législation actuellement en vigueur. « Cette mesure va nécessiter des aménagements des textes pour que petit à petit le marché soit asséché, souligne-t-elle. Mais c'est vrai qu'il y a un travail juridique assez important à faire et qui, malheureusement, ne va pas pouvoir se faire du jour au lendemain. Nous souhaitons bien sûr que ce soit le plus rapide possible. »  

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