Qui a tué le lieutenant-colonel Emmanuel Buzubona ? C’est la question qui brûle toutes les lèvres depuis l’assassinat de ce brillant officier issu de l’ex-rébellion hutue du CNDD-FDD aujourd’hui au pouvoir au Burundi. Pour le porte-parole de l’armée, le colonel Gaspard Baratuza, ses assassins n’ont pas été identifiés et une enquête de police est en cours pour tenter de les retrouver.
Il en va tout autrement sur les réseaux sociaux, où partisans et opposants du président Pierre Nkurunziza s’accusent mutuellement d’en être responsables. Les soutiens du camp présidentiel accusent les soldats et citent l’ancienne armée dominée par la minorité tutsie d’avoir abattu un officier hutu de plus, alors que leurs opposants dénoncent l’assassinat d’un soldat qui ne cachait pas son hostilité à la politique actuelle.
Ils avancent comme argument le fait que le lieutenant-colonel Emmanuel Buzubona, soupçonné d’avoir fait cause commune avec la nouvelle rébellion burundaise, avait été arrêté et détenu pendant plusieurs jours en décembre 2015, par les très redoutés services secrets burundais qui dépendent directement du président. Signe supplémentaire, cet officier était en disgrâce, il était en congés depuis six mois en attendant une nouvelle affectation qui ne venait pas.
A Bujumbura, chacun campe sur ses positions et personne ne compte sur l’enquête en cours pour connaître la vérité. Beaucoup craignent en revanche que ce énième assassinat d’un officier de l’armée burundaise ne vienne attiser les divisions au sein de ce corps.