On le surnommait « l'œil de Bamako ». On aurait pu tout aussi bien l'appeler « le sourire malien » tant il rayonnait malicieusement derrière son Rolleifleix, l'appareil avec lequel il réalisait la plupart de ses portraits.
Les délices de la chambre noire
Né en 1935, Malick Sidibé ne se destinait pas à la photographie, mais plutôt au dessin et à la bijouterie, qui lui furent enseignés à l'École des artisans soudanais dans les années 1950.
Comme souvent, c'est une rencontre qui lui a révélé les délices de la chambre noire, sa rencontre avec Gérard Guillat, dit « Gégé la pellicule ».
Le fameux « studio Malick »
Malick Sidibé décore sa boutique de photos et en retour, le Français l'embauche comme apprenti. On est en 1956 et deux ans plus tard, Malick Sidibé ouvre sa propre boutique, le fameux « studio Malick », dans le centre de Bamako.
Alors que son aîné Seydou Keïta se spécialise dans les portraits aristocratiques et bourgeois d'hommes et de femmes richement parés, Malick Sidibé se spécialise plutôt sur les classes moyennes. Il deviendra rapidement la coqueluche d'une jeunesse débridée et le pivot des fêtes bamakoises.
De la reconnaissance internationale à la jeune génération d'aujourd'hui
Le Mali vit l'allégresse de l'indépendance et Malick Sidibé sait capter comme personne l'insouciance de la jeune nation. Il se spécialise aussi dans les photos de femmes prises de dos et son studio devient rapidement un lieu d'inventivité artistique.
La reconnaissance internationale viendra dans les années 1990, avec les Rencontres photographiques de Bamako. L'Europe le vénère au début des années 2000. Aujourd'hui, Malick Sidibé est considéré comme un maître par la jeune génération, à l'instar du portraitiste sénégalais Omar Victor Diop.
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