Deux grandes priorités ressortent en effet pour l’instant de cette réunion à Tunis sur la Libye. A l'ouverture de la conférence, le représentant du ministère britannique des Affaires étrangères a souligné le besoin de reconstruire l'économie libyenne et de la diversifier sous-entendu qu'elle ne soit plus à l'avenir basée presque que sur le pétrole.
Pour reconstruire cette économie, il faudra repartir de zéro ou presque. Plusieurs années de guerre civile ont détruit les infrastructures et les services sanitaires de base. La situation humanitaire est catastrophique en Libye. Dans la matinée, un représentant de l’ONU a expliqué qu’il préparait un nouveau plan humanitaire en espérant que ce soit le dernier pour la Libye, même s’il est permis d’en douter vu l’ampleur de la crise dans le pays. L'un des vice-présidents du gouvernement d'union nationale a pour sa part déclaré que si aucune réponse n'était apportée aux besoins primaires des Libyens, la stabilité du pays serait en jeu.
Deuxième et principale préoccupation pour l’ONU, les pays voisins et la communauté internationale : c’est la sécurité. Les participants ont répété qu’ils souhaitaient aider le gouvernement d’union nationale à reconstruire une armée et à lutter contre l’Etat islamique en Libye.
Justement, c’est en Libye que se joue l’essentiel. Un représentant du gouvernement libyen d’union nationale l’a rappelé : ces derniers jours, ce gouvernement a réussi à obtenir le soutien de plusieurs villes et surtout de la Banque centrale et de la Compagnie nationale du pétrole. Par contre, il lui manque encore le soutien officiel du Parlement de Tobrouk qui contrôle l’est du pays. Un soutien qui pourrait intervenir bientôt.
Hier lundi, le président du Parlement de Tobrouk a annoncé que ses membres se réuniraient dans les prochaines semaines pour voter la confiance au gouvernement d’union nationale soutenu par l’ONU.
■ Première visite d’un dirigeant occidental en Libye depuis 2014
Ce mardi, alors que se tient la réunion de Tunis sur la Libye, le ministre italien des Affaires étrangères est en visite à Tripoli pour parler essentiellement de sécurité. Paolo Gentiloni, premier dirigeant occidental à se rendre en Libye depuis 2014, est arrivé ce matin à Tripoli. Il doit rencontrer Fayez el-Sarraj le Premier ministre du gouvernement d’union nationale pour lui marquer son soutien. L'équipe de el-Sarraj, parrainée par l'ONU, est entrée à Tripoli par la mer le 30 mars dernier, mais elle est cantonnée dans la base navale.
L'enjeu est évidemment de lui permettre de s'installer durablement dans la capitale. Les puissances occidentales, Italie en tête, ont toujours posé comme impératif d'avoir l'accord d'un gouvernement d'unité libyen pour envisager la moindre intervention militaire ou même coopération sécuritaire. Mais tout cela est incertain pour le moment. Pour le moment, il y a toujours deux gouvernements rivaux en Libye, un à Tripoli un autre dans l'Est. Une des principales forces armées, celle du général Haftar attend des gages du nouvel exécutif pour le soutenir.