Jean-Gustave Ntondo est secrétaire général par intérim du Conseil national des républicains, le parti politique du pasteur Ntumi. Il se trouvait à Soumouna lorsque tout a commencé. « À 6h45 exactement, deux hélicoptères sont arrivés de Brazzaville. Ils ont tourné sur Soumouna, sur le domaine du révérend pasteur Ntumi, explique-t-il. Ils sont passés sans rien faire et sont allés vers Kinkala. Puis, un hélicoptère est revenu, il s’est positionné et il a tiré. Il tirait des obus. Il a bombardé puis il est allé de l’autre côté et il a à nouveau pilonné des bâtiments. »
La scène se serait répétée mardi matin. Jean-Gustave Ntondo affirme que plusieurs batiments ont été touchés, mais réfugié en forêt, il dit ne pas être être en mesure de dresser un bilan des dégats. A « 9h15 exactement », raconte Jean-Gustave Ntondo à RFI, un hélicoptère est revenu : « Là, c’était différent. Il y avait un militaire avec un fusil mitrailleur à la portière. Cette fois, l’hélicoptère était beaucoup plus bas. Pendant qu'il pilonnait avec des obus, le militaire qui était à la portière tirait avec son fusil mitrailleur », raconte-t-il.
Plusieurs sources rapportent que Mayama, l'autre base du pasteur révérend Ntumi, toujours dans le département du Pool, où il a créé des écoles, construit des dispensaires et où il entretient des églises, a été touchée. La localité abrite notamment une école et un hôpital mais on ne sait pas quels sont les dégâts.
Dans les deux cas, de Soumouna et de Mayama, de bonnes sources assurent que l'armée congolaise est également intervenue au sol. Dns le sud de Brazzaville des témoins disent avoir vu des dizaines d'habitants quittant le Pool chercher refuge dans la capitale. Mardi soir une source gouvernementale déclarait « ne pas souhaiter commenter ces allégations », et « douter » de leur « véracité » ainsi que de leur « matérialité ».
« Le gouvernement de la République a perdu toute raison »
Guy-Brice Parfait Kolelas, arrivé deuxième à l'élection présidentielle et député de Kinkala, la capitale du Pool située non loin de Soumouna, condamne ces « bombardements ». Il dit en avoir été alerté tôt ce matin par ses administrés.
« On m’a confirmé qu’il y a eu pilonnage à Soumouma, puis à Mayama. Les populations sont inquiètes, affirme Guy Brice Parfait Kolelas. Moi je crois que le gouvernement de la République a perdu toute raison. Car on ne fait ça qu’après enquête et s’il y a vraiment danger. Mais là, le ministre de la Communication nous a bien dit que les enquêtes continuaient… Pendant une enquête en cours, on fait survoler les hélicos pour aller tirer ? Ça me rappelle des souvenirs, lorsque les populations du Pool fuyaient. Ils sont restés des années en forêt. C’est ce que nous voulons éviter. »
L'ONU préoccupée
Dans un communiqué, Charles Zachaire Bowao, le président de l'IDC Frocad, la principale plateforme de l'opposition congolaise, évoque une « forfaiture » et condamne des « bombardements à l'arme lourde ». Il demande à la communauté internationale de créer les conditions d'un dialogue politique dans le pays en vue d'une sortie de crise.
En début de journée, Abdoulaye Bathily, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, s'était dit « vivement préoccupé » et appellait toutes les parties prenantes à « faire preuve de retenue » pour préserver les « acquis obtenus à la suite d'une longue et difficile période d’instabilité qu’a connu le pays » et « dont il tente encore de se remettre ».
Une source gouvernementale déclare ne pas souhaiter commenter ces allégations dont elle doute de la véracité et de la matérialité.