Les résultats provisoires seront normalement proclamés d’ici à ce mercredi soir 23 mars a indiqué le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo. Mardi midi 22 mars, lors d’une conférence de presse, entouré de ses conseillers, et alors qu'il n’est pourtant pas en charge de cette proclamation, le ministre a affirmé que le « oui » l’emporterait avec plus de 62,9 % des suffrages.
Au quartier Yoff, on est loin de l’ambiance très officielle de la salle de conférence du ministère de l’Intérieur. Au deuxième étage d’un immeuble décati, au QG du front du « non », à 16 heures, heure locale, les militants de ce collectif sont venus nombreux dans la petite salle qui ne peut contenir tout le monde.
Adama Gaye, juriste, estime que l’annonce des résultats par le ministre de l’Intérieur n’est qu’un abus de plus dans ce référendum. « Ce scrutin, apprécié dans sa globalité, est une mascarade parce qu’un scrutin a une vocation : permettre un jeu franc et ouvert, sur la base du principe de l’équité et de l’égalité entre les candidats. Maintenant, du point de vue de la légalité, nous ne pouvons évidemment pas remettre en cause les chiffres. On en prend acte », a-t-il conclu.
Précipitation, inégalité dans les moyens, dans l’accès aux médias
Le code électoral prévoit l’annonce des résultats officiels le vendredi qui suit le dimanche du vote mais le ministre de l’Intérieur a indiqué que la loi prévoit une annonce 72 heures au plus tard après le scrutin, c’est-à-dire ce mercredi 23 mars.
Mais les critiques du front du « non » sur ce référendum sont multiples : précipitation, inégalité dans les moyens, dans l’accès aux médias. Elles tiennent sur trois pages. Leur lecture dure dix minutes. Accusé d’avoir appelé au départ de Macky Sall en cas d’échec, le front du « non » dément. Fatou Diallo lit un extrait de son communiqué : « Il n’a jamais été question de remettre en cause la légitimité du président de la République en demandant son départ ».
Le rappeur Oumar Touré, alias That, a lancé un appel à la population pour rester vigilant sur le processus démocratique : « On ne remercie pas les Sénégalais. On les encourage encore à être plus vigilants, à encore écouter la voix de ce que l’on appelle la démocratie ».
Boycotté par les médias durant la campagne, l’hymne du front du « non » n’a, en tout cas, pas fini de résonner là où le front entend poursuivre sa mobilisation : dans les rues.