La principale conclusion de ce rapport, c'est qu'il est urgent de revoir la notion de ce qu'on appelle les ADF et déchirer l'écran de fumée. Qui tuent et surtout pourquoi, sont les questions cruciales auxquelles personne ne semble aujourd'hui encore capable de répondre.
Le groupe d'étude sur le Congo a étudié le mode opératoire des tueurs, interrogé 110 personnes, témoins oculaires, militaires, ex-ADF, membres de la société civile ou de l'administration locale. Comme le groupe d'experts de l'ONU et une mission d'enquête parlementaire congolaise, il note avec inquiétude la passivité de certains détachements militaires congolais, les sanctions prises contre d'autres officiers qui voulaient intervenir.
Mais ce rapport évoque la possibilité d'une participation directe de soldats congolais à des massacres dans au moins trois zones en 2014 et 2015, sans établir avec exactitude le degré de responsabilité de leur hiérarchie. Plusieurs milices et ex-groupes armés sont aussi accusés en lien ou non l'armée congolaise, et en particulier les réseaux d'anciens du RCD-KML. On se souvient que le gouverneur du Nord-Kivu a accusé le chef de cet ex-rébellion, un natif du territoire, Mbusa Nyamwisi d'être derrière les massacres et réciproquement.
Pour ces chercheurs, la gravité de ces allégations et la perpétuation de la violence exigent une enquête approfondie de toutes les parties, mais aussi une évaluation de la performance de la Monusco qui s'est révélée tout aussi incapable d'empêcher ces massacres.