Elles s’appellent Bijou, Blancho, Chata ou Mahi… Elles ont entre 13 et 25 ans, en rupture de famille, en rupture de ban, et survivent dans les ghettos d'Abidjan en vendant leur corps pour 1 euro 50. Ces jeunes filles, l’anthropologue, photographe et réalisatrice Éliane de Latour les appelle les « Go de nuit », « Go » comme le terme nouchi, l’argot ivoirien, qui désigne les filles.
Après leur avoir consacré un livre et deux expositions de photos, en 2011 et 2014, la cinéaste est retournée les voir et a réussi à établir un lien privilégié. « Ils ont un fort désir de reprendre leur vie en main », affirme la réalisatrice.
Redonner une dignité
Ce film, Little Go Girls, s'est construit au fil de l'eau, à mesure qu'Éliane de Latour mettait en place seule une structure de réinsertion pour dix de ces filles. À mille lieux d’une démarche scabreuse ou sensationnaliste, le documentaire montre le quotidien de ces femmes, leur intimité, les heures creuses et leur redonne une dignité. « On les pense hurlantes, violentes, filles de malheur, sales, portant la maladie… Je voulais leur restituer leur complexité d’humain », raconte Éliane de Latour.
Sur les dix filles qui ont bénéficié de la structure montée par Éliane de Latour, quatre ont réussi à ne pas retourner dans le ghetto, preuve vivante que l'on peut s'en sortir, malgré tout.