La pression s'accentue sur le gouvernement. En arrivant au pouvoir il y a 22 ans, l'ANC a promis de redistribuer à la majorité noire 30% des terres détenues par les Blancs. Aujourd'hui, moins d'un tiers a été transféré : pas suffisamment de vendeurs, des prix trop élevés et de la corruption.
Le ministre du Développement rural Gugile Nkwinti admet que le programme est trop lent. «On peut en effet se demander si le processus de transfert d'un groupe à un autre a été suffisamment rapide, confie-t-il. Et ensuite est-ce que la terre qui a été redistribuée est utilisée de façon productive ? »
Les analystes politiques mettent en garde. La propriété de la terre est devenue un sujet explosif dans le pays en raison d'un chômage élevé et d'inégalités persistantes. Pour l'analyste Somadoda Fikeni, le gouvernement n'a pas fait suffisamment pour résoudre le problème. « Si vous regardez ces dernières années, le gouvernement s'est concentré sur l'emploi, les inégalités, les services, la corruption. Mais si le parti au pouvoir ne s’occupe pas du problème de la terre, d'autres partis politiques le feront. Il y a donc urgence pour le gouvernement. »
Et pourtant, quelques mesures ont été prises allant dans ce sens. L'année dernière le gouvernement a rouvert son programme permettant à ceux qui n'avaient toujours pas fait de demande de restitution de le faire. Et le mois dernier, le Parlement a voté une loi autorisant l'expropriation dans l'intérêt du public moyennant indemnisation.