Le scénario est toujours tristement le même : c'est jour de marché, nous sommes vendredi, les kamikazes avancent masquées. Elles étaient de soi-disant vendeuses d'assiettes. Comme dit le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakaray, « le moment est choisi, les femmes, les mères sont sorties, elles font leurs courses, la foule est bigarrée ».
C'est le sixième attentat-suicide perpétré dans l'Extrême-Nord depuis le début de l'année. Depuis que les islamistes nigérians, ralliés à l'organisation de l'Etat islamique, ont commencé à attaquer le territoire camerounais en 2013, plus de 1 200 personnes ont été tuées dans la région de l'Extrême-Nord, selon un décompte du gouvernement.
« La guerre est gagnée, affirme Issa Tchiroma Bakary, mais comment voulez-vous stopper ce type d'actions ? » Du 11 février au 14 février, l'armée camerounaise a mené une importante offensive à Ngoshé, au Nigeria, et a infligé de lourdes pertes aux terroristes.
Pour le consultant défense et spécialiste de Boko Haram, Raoul Sumo Tayo, le Cameroun est « en passe de gagner la guerre porprement dite, sur le plan militaire » mais il faut maintenant gagner « la bataille des coeurs », développer le social, « d'abord l'éducation », et l'économie dans l'Extrème-Nord avec un « véritable plan Marshall pour la région ». C'est cette guerre-là qu'il faut remporter avec le soutien de la communauté internationale, sans quoi ces attentats-suicides ne s'arrêteront pas.