Mardi 16 février, les principaux partis d’opposition congolaise et de la société civile appellaient à une opération « ville morte » pour « dire non au troisième mandat » du président Joseph Kabila. Le signal de RFI a été coupé à l'aube dans la capitale. « C’est une compétence que le gouvernement national partage avec les autorités locales, de pouvoir s’assurer que personne ne mette de l’huile sur le feu, explique Lambert Mendé, ministre de la Communication. Les autorités locales de Kinshasa ont estimé que certaines relations de ces faits par RFI sonnaient comme une caisse de résonnance de cette jacquerie qui n’a aucun sens et qui appelait plutôt les gens à s’adonner à des activités susceptibles d’opposer les Congolais entre eux, de décourager les investisseurs, etc.
Vous savez, les médias sont un instrument important de paix, mais aussi un instrument de déstabilisation, on l’a vu avec Radio Mille Collines au Rwanda. Donc toutes les autorités dans le monde font attention à ce qui passe par les médias. Nous pensons que lorsqu’une autorité pense -peut-être à tort- qu’un média est en train de mettre de l’huile sur le feu, elle peut prendre des mesures. Par la suite elle est obligée de nous faire rapport et donc nous les avons calmés, en disant qu’il n’y a pas chez RFI des attitudes que l’on pourrait associer à ce qu’on a vécu au Rwanda et qu’ils pouvaient rouvrir. »
Finalement, en milieu d’après-midi, le signal a été rétabli, comme l’a promis le ministre de la Communication à l’issue d’une réunion entre les gouvernements national et provincial.
Une mesure que dénonce Tshivis Tshivuadi, le président de l'organisation congolaise Journalistes en danger. « Il y a un débat par rapport aux élections, par rapport à la fin du mandat du président qui est en place, mais on ne doit pas tout le temps considérer que les médias doivent être des boucs émissaires de la crise politique dans ce pays.
Il n’y a aucune raison aujourd’hui objective qui puisse justifier qu’on coupe le signal d’émission de RFI. Et ce n’est pas la première fois ça arrive. Je pense que ce sont vraiment des décisions tout à fait illégales, arbitraires, qui brouillent l’image d’un pays qui se veut être une démocratie et un Etat de droit ».