Les Etats-Unis n'avaient jamais été aussi clairs. Tom Periello évoque non seulement des « informations crédibles sur le recrutement de réfugiés burundais dans des camps de réfugiés au Rwanda », mais il explique clairement que l'objectif de ces recrutements est de « participer à des attaques armées conduites par l'opposition burundaise armée contre le gouvernement burundais ». Autrement dit, Washington accuse Kigali d'être « impliqué dans des activités déstabilisatrices » pour le Burundi voisin, selon les termes de la secrétaire d'Etat adjointe pour l'Afrique, Linda Thomas Greenfield.
Dès janvier, les services de renseignements militaires congolais pointaient le rôle présumé du Rwanda dans la formation de nouveaux groupes rebelles burundais. RFI l'avait révélé. Et la semaine dernière, une note confidentielle rédigée par un groupe d'experts indépendants pour l'ONU confirmait ces craintes sur la foi de témoignages recueillis auprès de 18 réfugiés burundais, dont six mineurs, dans le territoire frontalier d'Uvira en RDC. Ils disaient avoir été recrutés dans le camp de réfugiés de Mahama dans l'est du Rwanda en mai et juin 2015, puis avoir reçu un entrainement militaire de deux mois dans un camp en forêt rwandaise, avec 400 autres recrues. Une formation assurée en partie par des militaires rwandais, selon ces témoignages.
A l'époque, Kigali avait tourné en ridicule ces accusations sur Twitter sans répondre précisément sur le fond. Dans un communiqué rendu public ce mercredi, la principale plateforme d'opposition en exil, le Cnared, prend la défense du Rwanda et estime que ces accusations ne sont qu'une opération de communication pour chercher à déstabiliser Kigali.