L'image a choqué plusieurs députés de Nidaa Tounes au point de les convaincre de démissionner. Au Congrès du parti, samedi dernier, le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, est debout à la tribune à quelques mètres du président de la République Beji Caïd Essebsi, le fondateur du parti laïc. Le leader islamiste file la métaphore pour lier le destin des deux formations : « La Tunisie est comme un oiseau dont les deux ailes sont Ennahdha et Nidaa ».
Tout les oppose pourtant. C'est contre Ennahda que le parti présidentiel avait gagné les élections il y a plus d'un an. Mais un rapprochement s'est opéré l'an dernier, lorsque faute de majorité claire, Nidaa Tounes s'est entendu avec les islamistes et leur a ouvert une représentation certes timide au gouvernement. C'est alors qu'apparaissent les premières divisions au sein de la formation présidentielle, certains dénonçant ce revirement.
La démission la semaine dernière d'une vingtaine de députés Nidaa Tounes a fait des islamistes le premier groupe au Parlement et des interlocuteurs encore plus incontournables du point de vue de Nidaa. Les islamistes, eux, n'ont jamais refusé de composer avec le pouvoir. Mais ce rapprochement n'est pas sans risque pour les deux formations qui devront convaincre leur base respective du bien-fondé de cette stratégie.