Le 28 janvier 2011, Anna Roussillon regarde à la télévision les reportages sur le « vendredi de la colère », le début de la révolution place Tahrir au Caire. Par téléphone, elle échange avec Farraj, un paysan de la région de Louxor avec qui elle a sympathisé, et même commencé à filmer pour un documentaire sur le tourisme. Cette jeune documentariste, agrégée d'arabe et enseignante, décide alors de consacrer son film aux bouleversements politiques en Égypte vus par Farraj et sa famille.
Une nouvelle expérience politique
« Je savais que Farraj ne deviendrait pas militant, explique la réalisatrice Anna Roussillon. C’est un paysan, il ne peut pas aller au Caire pour manifester. Il doit s’occuper de sa terre, sa famille, de ses bêtes. Je savais que ça serait un cheminement, une construction à pas hésitants, mais qui parle quand même d’une nouvelle expérience de la chose politique qui s’est passée à ce moment pour beaucoup d’Égyptiens. »
Une initiation démocratique
On voit ainsi Farraj passer du soutien au gouvernement Moubarak à l'enthousiasme démocratique de pouvoir voter librement pour la première fois de sa vie, à l’été 2012. Puis vient le temps de désillusions et des pénuries. Le film s'achève sur le discours du général al-Sissi et la reprise en main du pouvoir par l'armée. Entre-temps, Farraj, et avec lui le peuple égyptien, aura connu une initiation démocratique.
► Anna Roussillon, réalisatrice du documentaire Je suis le peuple est l'Invitée Culture de ce mercredi 13 janvier