C’est après une pause de trois semaines, pour les fêtes de fin d’année, que le procès des dix-sept jeunes opposants vient de reprendre. Ils ont été arrêtés, il y a sept mois, et sont jugés depuis novembre. Le parquet suspecte les jeunes d'avoir voulu former un gouvernement de salut national.
« Il s'agit d'une blague. Ils ont trouvé ça sur les réseaux sociaux », répond Maître Francisco Miguel qui défend les opposants.
Selon leurs proches, l’accusation cherche à faire traîner la procédure afin d’épuiser les jeunes militants et détourner ainsi l’attention des observateurs.
Un avis partagé par Amnesty International pour qui, ce procès est celui de la liberté d’expression en Angola.
« Jusqu'à maintenant, les ministère public n'a fourni aucune preuve qui justifie la détention de ces jeunes. Nous pensons donc qu'il s'agit d'une violation de la Constitution angolaise qui garantit le droit de réunion et d'exprimer ses opinions sous différentes formes », a tenu à souligner Maître Francisco Miguel, joint par RFI.
Arrêtés en juin alors qu'ils se réunissaient pour traduire un livre sur la désobéissance civile, ils ont été enfermés pendant six mois en détention préventive. Deux d'entre eux ont été libérés, les autres assignés à domicile en raison d'une modification du code de procédure pénale.
« Un policier est posté en permanence devant la maison et mon fils n'a pas le droit de mettre un pied dehors », raconte la mère de l'un des accusés.
Une mesure dénoncée par Amnesty international qui réclame leur libération immédiate et inconditionnelle. Cependant et selon les avocats, le procès pourrait encore durer plus d'un mois.
Ces opposants représentent une frange de la jeunesse plutôt favorisée, mais qui a été inspirée par les « printemps arabes » et qui n’accepte plus l’autorité du président José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 36 ans.
Selon un spécialiste de l’Angola, les autorités craignent que cette contestation minoritaire ne se propage parmi la population. La crise économique engendrée par la baisse des cours du pétrole touche, de plein fouet, les plus pauvres.