Le président burundais a décidé d’enfoncer le clou et le « non » du gouvernement semble cette fois définitif. Et c’est le président burundais en personne qui s’est chargé de faire passer le message. Des menaces proférés en kirundi, la langue nationale du pays, et sur un ton très dur, plutôt inhabituel.
Pour justifier sa virulente mise en garde contre tout déploiement de la Maprobu, une mission de paix de l’Union africaine qui serait forte de 5.000 hommes, le président Nkurunziza explique qu’elle n’a pas reçu l’aval du Conseil de sécurité de l’Onu.
Ce déploiement pourrait également se justifier, dit-il, s’il y avait deux forces belligérantes qui s’accordent sur une force d’interposition dans ce pays. Un argument que le président burundais balaie du revers de la main. « Ce n’est pas le cas ici, puisque nous n’avons pas de belligérants au Burundi, car nous faisons face à une simple question de sécurité, poursuit Pierre Nkurunziza. Ce n’est pas un problème politique car cela a été réglé avec les élections et ce n’est pas une question ethnique car les ethnies ne se battent pas ».
L'UA s'adresse aux acteurs de la crise
Mais le soutien international est là, souligne Adama Dieng, le conseiller spécial de l'ONU pour la prévention du génocide. « La décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine est une décision que nous saluons et j’ai, devant le Conseil des droits de l’homme, d’ailleurs invité la communauté internationale à soutenir l’Union africaine », indique-t-il. Et l'Union africaine, rappelle Adama Dieng, n'a pas besoin de l'accord du gouvernement burundais pour intervenir.
De son côté, l'Union africaine s'adresse aux acteurs de la crise au Burundi. La présidente de la commission de l'UA, dans un communiqué publié ce matin, menace de sanctions « tous ceux dont l'action pourrait compromettre le dialogue » et aussi « le refus de répondre à l'invitation du médiateur ».
Après la reprise officielle de la médiation ougandaise lundi, un nouveau rendez-vous a été fixé au 6 janvier, à Arusha, en Tanzanie. Mais les autorités de Bujumbura ont immédiatement souligné qu'il n'y avait pas consensus sur cette date.