C’est un attelage hétéroclite, qui avait été convié à cette nouvelle marche, visant à permettre aux musulmans d’accéder à un de leur cimetière, situé dans le quartier Boeing, de l’autre côté de l’aéroport. Derrière l’archevêque de Bangui et l’imam Kobine Layama, une quarantaine d’habitants, mais aussi un ancien Premier ministre, une miss, un ex-porte-parole des anti-balaka et le président du comité d’autodéfense du quartier du PK5, Mohamed Ali Fadoul.
« Le tombeau de mon père, c’est ici, dit-il la voix tremblante. Ça fait plus de deux ans que je ne suis pas venu ici. L’autre jour, il y a des gens qui disaient qu’on a construit des maisons dans le cimetière, alors que c’est faux. Il n’y a aucune maison ici. Il n’y a que des herbes. »
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Le cimetière est laissé à l’abandon. Depuis plus de deux ans, les musulmans du PK5 enterrent souvent leurs morts dans des arrière-cours, ou parfois dans des paroisses.
« La première opération que nous allons faire sera de nettoyer tout le cimetière, explique Monseigneur Dieudonné Nzapalainga. Les jeunes sont coopératifs. On va leur donner quelques moyens financiers pour qu’ils puissent nettoyer tout ici. La deuxième opération sera maintenant de s’entendre ensemble pour laisser nos frères musulmans venir enterrer librement et dignement ici, tous ceux qui nous ont quittés. »
Mais restent encore quelques détails à régler. Combien de temps pour réhabiliter ce cimetière ? Et surtout une question : les musulmans pourront-ils réellement venir jusqu’ici, à plusieurs kilomètres du PK5, pour se recueillir et enterrer leurs morts ? Le chef local des anti-balaka a donné sa parole.