Dans un petit café du 7e arrondissement de Ndjamena jeudi après-midi, la fin des auditions des témoins dans le procès de Hissène Habré est au centre de la causerie. Le silence de l’ancien chef de l’Etat est déploré par tous, comme cet homme qui suit les audiences : « Il aurait dû parler, il aurait dû assumer. Il aurait dû se libérer un peu la conscience. Il devrait essayer de faire la paix avec lui-même, en quelque sorte. Il a la mémoire de tout ce qui s’est passé ». A ses côtés, un autre Tchadien acquiesce : « Il peut oublier les détails, mais au moins, la principale chose, il peut se rappeler et dire qu’il demande pardon : "ça s’est passé à une époque donnée. Aujourd’hui, je suis vieux. Je demande pardon au peuple tchadien de tout ce que j’ai fait"».
Même si l’issue du procès ne fait aucun doute, il faut pour certains reconnaître que les huit ans passés par Hissène Habré à la tête du Tchad ont aussi du positif. « Il faut relever, mais si c’est minime, le côté positif, dit un homme. Il a fait de bonnes choses dont, aujourd’hui, on est fiers parce que quand tu es Tchadien, tu es fier. Il n’y a pas de corruption, il n’y a pas de vol. Ça, il faut aussi le relever ». Un autre de rajouter : « N’oublions pas que c’est lui qui a bouté les Libyens, qui occupaient le nord du pays, hors du Tchad ».