Ils étaient une centaine de députés réunis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à Abidjan en session plénière extraordinaire. Un seul point à l'ordre du jour : la levée du mandat d'amener émise par la juge française Sabine Khéris visant le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro.
Les députés ivoiriens présents ce jour ont adopté à l'unanimité une résolution de soutien à l'endroit de leur président actuellement en mission officielle à Paris. Ils estiment que ce mandat d'amener vient minimiser la qualité et l'importance de l'institution parlementaire ivoirienne ainsi que celle de son plus haut responsable.
Selon Privat Oula, député et vice président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro fait l'objet d'un acharnement sur sa personne. « Sans entrer dans les détails juridiques, nous pensons que c’est un harcèlement », indique-t-il.
La justice française recherchait le président de l'Assemblée nationale ivoirienne dans le cadre d'une instruction sur plainte déposée par le fils de l'ancien président Laurent Gbagbo. Michel Gbagbo affirme avoir été enlevé et séquestré pendant plusieurs mois après son arrestation en 2011. Guillaume Soro, lui, a décollé du Bourget vers 21h (heure de Paris) ce mercredi pour Abidjan.
Un peu plus tôt dans la soirée, l'avocate de Michel Gbagbo Me Habiba Touré avait avancé une possible mise en examen de Guillaume Soro, allant dans le sens d'informations de La Lettre du continent. Information démentie par des sources judiciaires françaises contactées par RFI.
Première réaction du gouvernement
Mercredi matin, le gouvernement s'est réuni pour le traditionnel Conseil des ministres. Et à l'issue de la réunion, le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, s'est exprimé sur cette affaire judiciaire. Il rappelle que la Côte d'Ivoire ne s'oppose aucunement à une démarche judiciaire, même en France. Mais Bruno Koné souligne que ces démarches doivent se faire dans le respect du droit.
Un enregistrement très gênant
Mais le nom de Guillaume Soro a été récemment mentionné dans d'autres affaires judiciaires délicates.
Le chef du Parlement ivoirien est suspecté d'être impliqué dans le putsch manqué de septembre au Burkina Faso. Dans des écoutes audio, un individu présenté par des accusateurs comme Guillaume Soro propose son aide à un proche de Blaise Compaoré pour la réussite du coup d'Etat au Burkina.
Guillaume Soro s'est appliqué à démentir ces échanges téléphoniques mais sur les réseaux sociaux, beaucoup estiment que ces différentes affaires pourraient compliquer ses futures ambitions politiques.