L'eau est noire, opaque et dégage une odeur nauséabonde. Jean-Pierre travaille dans le canal pieds nus, armé d'une fourche, il en sort un amas de déchets : « Chaque quartier doit faire le curage avant la saison des pluies, mais ce qu'on devrait faire aussi ce sont des contrôles dans chaque maison pour voir s'ils ont un sac à ordures, beaucoup jettent leurs ordures directement dans le canal ».
Dans un mégaphone, un habitant appelle la population du quartier d'Antohomadinika à rejoindre les travaux collectifs. Natacha a répondu à l'appel : « On ne touche pas de salaire, mais chacun le fait, chacun nettoie. Car c'est sale et les enfants tombent malades, mon enfant est tout le temps malade ».
Manque de moyens
L'eau stagnante se met à couler, le curage des petits canaux améliore la situation, mais à court terme seulement, car l'eau se jette dans un grand canal d'évacuation qui n'a pas été curé depuis trois ans : « Le résultat est minime, mais des gens qui sont ensemble, qui sourit, qui se lèvent tôt pour dire que nous sommes responsables, que nous ne sommes pas dans l’assistanat. On manque de moyens donc on espère attirer du monde pour aller plus loin », explique Josiane Raveloarison, la présidente d'ATD Quart monde à Madagascar qui a lancé cette opération nettoyage.
L’objectif à long terme est que la population s'unisse et mobilise les autorités et les bailleurs de fonds pour qu'un jour tous les canaux soient couverts, pour que le ramassage des ordures soit effectué et les ruelles pavées.