Christine avance sous la chaleur dans une ruelle du quartier de Bakongo : « Je vais de l’autre côté chercher de l’eau. Ici, les boutiques sont toutes fermées. » Depuis trois jours, cette femme d’une cinquantaine d’années a le ventre et la gorge noués, les violences ont réveillé chez elle de mauvais souvenirs du temps de la guerre civile.
« Mon problème n’est pas politique, explique-t-elle. Mon problème est un problème de mère. Je m’inquiète pour les enfants. Je pense que pour que nous dormions tranquilles, [il faut] qu’on fasse le référendum. C’est cela la démocratie. Faisons le référendum, comme ça au moins, on va vivre dans la paix. »
Aimé est jardinier, il rentre du travail. Derrière lui défilent les devantures d’échoppes fermées depuis mardi. Il raconte : « Il y a ma femme qui a accouché. J’ai cherché des médicaments partout. Je n’ai rien trouvé. Malheureusement, c’est vrai. On en a marre. De toutes les façons, ce ne sont ni les gens de l’opposition, ni de la mouvance [présidentielle] qui subviennent à nos besoins. Nous, nous subvenons à nos besoins à la sueur de notre front, mais au moins qu’une solution à l’amiable soit trouvée, pas dans le déchirement, pas dans la guerre. »
Référendum ou non, tous deux en appellent à la responsabilité de leurs hommes politiques auxquels pourtant ils ne croient plus beaucoup depuis longtemps.