L'émotion vient aussi de l'identité des victimes. Christophe Nkezabahizi était l'un des caméramans les plus expérimentés de la RTNB, la télévision nationale burundaise. Sa femme, Alice Niyonzima, travaillait quant à elle pour FHI360, une ONG financée par l’agence de coopération américaine, l’USAID.
« Il a servi bravement le peuple burundais ; elle a aidé à apporter une assistance aux Burundais les plus vulnérables », a écrit l'ambassade des Etats-Unis à Bujumbura. L'ambassade américaine se dit aussi choquée par « ces meurtres de sang froid ». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, parlait déjà de victimes apparemment tuées à bout pourtant.
L'Organisation mondiale des migrations (OIM) réclame également une enquête car, parmi les victimes, figure l'un de ses employés, Evariste Mbonihankuye, qui, souligne l'OIM, portait son badge des Nations unies quand il a été tué. « Rien ne justifie ce niveau de violence contre des civils », dit le patron de l'OIM, l'ambassadeur Swing.
Pour la police burundaise, ces victimes civiles ont été des dommages collatéraux lors des échanges de tirs entre policiers et assaillants. Elle ne fait aucune mention de tirs à bout portant ou de meurtres de sang froid.
Le CNDD-FDD, parti au pouvoir, parle, lui, de civils qui auraient servi de boucliers humains à ceux qui ont kidnappé et tué des policiers. Il dit encore déplorer ces morts et dénonce le fait que les médias internationaux aient relayé les témoignages d'habitants du quartier. Ces derniers accusaient la police, en charge de la protection des institutions, d'avoir mené une expédition punitive contre des civils à Ngagara.