Comme lors des audiences consacrées à la répression des Hadjaraïs, les témoins Zaghawas se succèdent depuis plusieurs jours à la barre avec des récits d'arrestations et d'exécutions plus horribles les uns que les autres. Tous pointent du doigt la responsabilité plus ou moins directe d'Hissène Habré.
Pour défendre l'ancien président, les avocats commis d'office tentent de déconstruire les témoignages. Première méthode : s'attarder sur la notion sensible et complexe d'identité au Tchad.
Mettre en cause la fidélité des témoins à l'Etat tchadien
Yacoub Haroun Ibrahim est le témoin du jour. Plusieurs membres de sa famille ont été arrêtés puis exécutés. Maître Mounir Balal lui demande s'il se sentait avant tout Tchadien ou Zaghawa : « Est-ce qu'il considère également que les Zaghawa soudanais font partie de sa famille ?
- Oui
- D'accord »
Derrière cette question rhétorique, l'idée est d'éprouver la fidélité du témoin et de sa famille au sens proche ou large à l'Etat central tchadien.
Témoignages fragiles ?
Autre argument de la défense : la simple présence à la barre de témoins n'ayant subi aucune violence démontrerait que les Zaghawas qui n'ont pas pris les armes aux côtés de la rébellion ont été épargnés. « Est-ce qu'il ne pense pas que c'est parce qu'il n'a pas combattu contre les forces gouvernementales que sa vie a été épargnée ? »
Enfin, la Défense cherche à souligner la fragilité de certains témoignages parfois basés sur des propos rapportés : « Il tient des propos des parents de ces 44 autres personnes qui lui auraient dit que ce ne sont pas des combattants, on est d'accord ? »
Autant d'arguments qui peuvent se révéler pertinents à la marge, mais semblent difficilement pouvoir ébranler le constat d'un Etat sans pitié dirigé d'une main de fer par Hissène Habré.