RDC: le départ de Moïse Katumbi redistribue-t-il les cartes?

En République démocratique du Congo, la rupture est consommée. Mardi 30 septembre 2015, le puissant gouverneur de l’ex-province du Katanga, Moïse Katumbi, a démissionné du parti du président Kabila à 14 mois de la présidentielle. Il accuse le pouvoir à Kinshasa de « dérives inacceptables », et notamment de vouloir modifier la Constitution. Quel est l’impact du départ de cette figure charismatique du parti au pouvoir ?

Il est le premier poids lourd du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) à claquer la porte. La démission de Moïse Katumbi est un coup dur pour le camp du président congolais. Lors des deux dernières présidentielles, en 2006 et en 2011, Moïse Katumbi avait été l’un des principaux soutiens du candidat Joseph Kabila dans l’immense province du Katanga. Les deux hommes ont été très proches. En 2003, c’est Joseph Kabila qui avait fait en sorte que Moïse Katumbi puisse rentrer de son exil sud-africain.

Aujourd’hui, le divorce est consommé : le président perd un allié plutôt populaire dans cette immense région minière, dont ils sont tous deux originaires. Il perd aussi l’un de ses leviers en termes de mobilisation et de financement. Car l’ex-gouverneur est également le président du Tout Puissant Mazembe, l’un des clubs de football favoris des Congolais, ainsi qu'un homme d’affaires extrêmement riche. Et puis, avec cette démission, la recomposition du champ politique en RDC prend une nouvelle tournure.

En effet, le petit groupe de sept partis, qui a divorcé de la coalition au pouvoir il y a 15 jours, se retrouve avec un potentiel parrain plutôt puissant. D’autant plus que trois autres figures politiques de ce groupe sont originaires du Katanga. Ce qui leur donne une assise plutôt solide dans cette région minière. Résultat : même si le PPRD parle d’un « non-évènement » « prévisible » et « attendu », ses conséquences risquent de faire bouger les lignes sur la scène politique congolaise.

Hasard du calendrier ? Mercredi matin, la plénière qui devait se tenir à l'Assemblée nationale a d'ailleurs été annulée sans qu'une nouvelle date n'ait été annoncée.


Pour le porte-parole du gouvernement de RDC, Lambert Mende, qui est par ailleurs membre du bureau politique de la majorité présidentielle, Moïse Katumbi serait à la solde des Occidentaux. Face aux accusations de Moïse Katumbi, qui évoque notamment des « dérives inacceptables », en termes de réduction des libertés publiques, il rétorque : « Ce sont des affabulations pour complaire à ceux qui l’utilisent dans cette campagne contre la RDC. » Et d’ajouter que l'ex-gouverneur n'a pas de leçon de bonne gouvernance à donner au gouvernement.

Moïse Katumbi est l'invité Afrique de RFI vendredi 2 ocrobre

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