Burkina Faso: les questions qui restent en suspens

Le président de transition Michel Kafando, officiellement réinstallé ce mercredi 23 septembre, s'est exprimé ce matin. L'avenir politique demeure encore très incertain à la tête de l'Etat.

Avec notre envoyé spécial à Ouagadougou

Les chefs d’Etat de la Cédéao sont venus ici pour réinstaller le président Michel Kafando et non pas pour résoudre les problèmes des Burkinabè comme l'a laissé entendre une source dans l’entourage de l’un des présidents qui est arrivé cet après-midi à l’hôtel Laico.

Les questions en suspens sont assez nombreuses. Tout d’abord, quel sera l’avenir de Isaac Zida, le Premier ministre. Michel Kafando n’a pas évoqué son sort ce matin, lors de l’interview qu’il a accordée à plusieurs médias dont RFI, et la Cédéao avait proposé le week-end dernier que les militaires quittent le gouvernement.

Quel sort pour le Premier ministre et les putschistes ?

Alors est-ce que ce sont des indications ? Pour l’instant, on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir d’Isaac Zida. Mais on le saura très vite puisque le gouvernement se réunira demain et on verra bien si Isaac Zida sera présent ou non.

Concernant l’amnistie des putschistes, la question la plus brûlante du moment, Michel Kafando a dit qu’il faudrait solder les conséquences de cette « funeste barbarie ». C’est l’expression qu’il a employée pour qualifier le putsch. Dans un discours prononcé dans la matinée, Michel Kafando avait en pris une nouvelle fois ses distances avec le schéma de sortie de crise proposé par la communauté sous-régionale. « Les propositions de la Cédéao ne nous engageront que si elles prennent en compte la volonté du peuple burkinabè », a-t-il déclaré.

Les militaires du RSP déposeront-ils les armes ?

Une grande partie des Ouagalais est contre l’amnistie et certains hommes politiques réclament que soient situées les responsabilités pour les morts engendrés par la répression des manifestations de ces sept derniers jours écoulés. Bien évidemment, cette question sera la plus difficile à résoudre à très court terme.

Autre point crucial : le désarmement. Pour l’instant les militaires du RSP sont rentrés dans leur caserne à la demande de la Cédéao, avait précisé hier Gilbert Diendéré, le général, mais ils n’ont pas déposé les armes. Là encore, la pression est forte pour qu’il s’y résolve, mais rien ne dit qu’une solution puisse être trouvée rapidement. Peu après la cérémonie de restauration des pouvoirs à Michel Kafando et au gouvernement de transition, le Premier ministre Zida a quant à lui considéré comme « inimaginable » le fait que le RSP soit « conservé en l'état ».

Participation des pro-Compaoré aux élections

Un autre point focalise encore la controverse, à savoir la possibilité, pour les candidats pro-Compaoré, jusque-là exclus des élections, de se présenter. Le président du Niger a finalement estimé mardi que c'était aux autorités de transition d'examiner ces questions de manière consensuelle.

La société civile, les opposants, ne veulent pas revenir sur une décision qui a été actée par le Conseil constitutionnel, alors que le CDP, le parti de Blaise Compaoré, souhaite aborder ce problème.Au final, on a donc un peu le sentiment aujourd’hui à Ouagadougou que le débat va reprendre là où on l’avait laissé avant le putsch. En quelque sorte c’est un retour à la case départ.

Peu après la cérémonie d'investiture, à laquelle il a participé, le Premier ministre a en tout cas pris position sur la tenue du scrutin du 11 octobre, évoquant un « report » des élections, « de plusieurs semaines ».

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