La mobilisation semble prendre de l'ampleur. Dans plusieurs villes, on a mis en place des comités pour structurer la protestation. Le rassemblement le plus important était incontestablement à Bobo Dioulasso, la grande place Tiefo-Amoro y était noire de monde. Des manifestants s'y étaient rassemblés dès la veille puis au matin, et ont entamé un tour de la ville.
A Fada Ngourma, à l'est du pays, c'est sur la place de l'Unité que les habitants affluent, sous les regards apparemment bienveillants des militaires. « Ce sont des délégations faites pour aller soutenir les camarades. Nous pensons que l'armée peut être du côté de la population pour ce soulèvement », estime Kasimir, un représentant de la société civile. Un soulèvement qui a pris de l'ampleur puisque des barrages ont été érigés autour de la ville, sur la route de Ouagadougou. Fada Ngourma est une ville transit vers les frontières du Niger et du Bénin. Et selon les représentants de la société civile, aucun camion ne pourrait circuler actuellement.
Mobilisation également à Dédougou, dans l'est du pays. Toutes les franges de la population se rassemblent. Les manifestations restent pacifiques : les habitants optent pour des sit-in ou des marches. A Koudougou, c'est la toute nouvelle coordination provinciale de la résistance qui a tout organisé.
De rares incidents
Sur les réseaux sociaux on a pu voir circuler toute la journée des photos montrant des pancartes appellant au départ des putchistes, ou encore des femmes en train de manifester le balai et la spatule à la main...
La résistance avait continué jusque tard dans la nuit de jeudi à vendredi et avait repris dès la matinée, comme en témoigne Drissa Yé, professeur dans un lycée de Bobo Dioulasso. « Les gens n'ont aucunement respecté ce couvre-feu parce que personne ne considère Diendéré comme un pouvoir légitime. Jusque 22-23h, il y avait des gens dans la rue. Les magasins et les marchés sont fermés, les services publics, banques et assurances sont fermés. »
L'appel à la grève générale des syndicats est donc respecté. Et les rares commerces qui recommencent à ouvrir sont pris d'assaut par les habitants qui n'ont pas pu se ravitailler depuis plus de 24 heures.
Aucun incident majeur n'a été signalé ce matin, jusqu'à l'incendie en milieu de journée de deux bars à Koudougou, lesquels appartenaient à l'ancien maire de la ville. Partout c'est le même mot d'ordre : la mobilisation doit continuer jusqu'au départ des putschistes, et jusqu'à la restauration des institutions de la transition.