L’opposition malienne s’est contentée de demander au gouvernement de voir la réalité en face et de prendre ses responsabilités. Très prudente ou du moins par stratégie, elle ne s’est prononcée ni pour ni contre le report, laissant la patate chaude dans les mains du ministre malien de l’Administration territoriale.
Après la rencontre, un opposant a déclaré à RFI : « Ils veulent manger leur piment dans notre bouche, ça ne marchera pas. » Autrement dit : « Le gouvernement sait bien que l’on ne peut pas tenir ces élections municipales, mais veut que nous soyons demandeurs du report. »
Côté majorité présidentielle, à part le RPM, le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta, qui prend des gants pour aborder la question du report, quasiment tous les autres partis de la mouvance le réclament. Dans un mémorandum très documenté que RFI a pu consulter, la convention des partis politiques de la majorité présidentielle évoque la situation sécuritaire : impossible d’acheminer le matériel électoral partout, des partis politiques qui n’ont même pas déposé des listes de candidatures et le climat qui n’est pas à la fête électorale. Bref, le cœur n’y est pas. Le ministre malien de l’Administration territoriale a promis de rendre compte au gouvernement.
■ Un débat qui anime aussi les rues de Bamako
Parce qu'elles ont déjà été repoussées à deux reprises et parce que c'est la volonté affichée des autorités, il y a ceux qui souhaitent que les élections communales et régionales se tiennent à la date fixée. « Le 25 octobre, on doit faire l’élection ! Il n’y aura pas de problème. On organise l’élection pour avoir notre président, on doit faire les élections locales. Même si c’est demain, on est prêts pour ça », soutient cet homme. « S’il n’y a pas d’élections, les maires ne peuvent pas travailler sur les dossiers importants : les canalisations, la construction d’écoles... C’est dans l’intérêt du pays de faire des élections rapidement », rappelle un autre.
Les partisans d'un report des élections invoquent quant à eux la situation dans les régions du Nord, citant notamment l'insécurité ou encore le redéploiement trop faible de l'administration nationale. « Tant qu’on n’a pas l’administration au Nord et dans tout le Mali on ne peut pas faire des élections », souligne cet habitant de Bamako. « Tant que tous les réfugiés ne sont pas retournés dans leur village du Nord on ne peut pas organiser d’élections », renchérit un autre. « Pour moi, il faut repousser parce que le pays n’est pas stable, il y a de l’insécurité partout, il y a des attaques jihadistes… Pour moi, vu l’état du pays, on doit reporter les élections », résume celui-ci.
La décision de maintenir ou de décaler la date des élections ne peut être prise qu'en Conseil des ministres. Il y en a justement un ce mercredi.