Le 3 août, la police française interpelle Maixent Accrombessi à l'aéroport de Roissy, alors qu'il s'apprête à regagner Libreville. La justice française souhaite l'entendre dans une affaire de corruption d'agent public étranger et de blanchiment. Maixent Accrombessi fait alors valoir son immunité diplomatique et peut repartir libre, après quelques heures de garde à vue. Pas question, selon Ali Bongo, d'interférer dans le fonctionnement de la justice, mais il voit, en cette interpellation, une offense pour son pays.
« Cela sur quoi nous nous sommes insurgés, c'est le caractère par lequel son interpellation a été menée. Alors que M. Accrombessi séjournait sur le territoire français depuis plusieurs semaines, on a attendu le dernier jour au moment où il prenait l'avion pour venir l'interpeller d'une manière particulière, qui relevait simplement de la politique spectacle. Et donc par là nous disons qu'on a voulu humilier le Gabon, par la manière dont cette intervention a été conduite. »
Sur le fond du dossier, Ali Bongo se dit confiant : M. Accrombessi n'a rien fait, estime-t-il
Au coeur de l'affaire : un marché public de 7 millions d'euros décroché au Gabon par Markx une entreprise française spécialiste des uniformes militaires. La justice française enquête sur un virement de 300 000 euros de Mark à une société gabonaise gérée par un homme d'affaires proche de Maixent Accrombessi. Le 7 août, une information judiciaire a été ouverte, qui le vise nommément, ainsi que le président de Mark. Ce dernier a d'ailleurs été mis en examen, notamment pour corruption.
Bongo vante l'entrée de l'opposition au gouvernement
A la sortie de son entretien avec le président français, le chef de l'Etat gabonais est aussi revenu sur la formation du nouveau gouvernement, remanié juste avant son départ en France. La nouvelle équipe a été annoncée en deux temps, vendredi puis dimanche, puisque deux personnalités, dont l'opposant Jean De Dieu Moukagni Iwangou, ont refusé d'intégrer l'équipe gouvernementale et ont dû être remplacées.
Vendredi, la présidence annonçait la nomination au poste de ministre d'Etat chargé de l'agriculture de Jean De Dieu Moukagni Iwangou, président en exercice de la coalition de l'opposition radicale et l'un des héritiers de l'UPG, le parti de l'opposant historique Pierre Mamboundou. Une manière de décapiter l'opposition et de présenter une équipe gouvernementale plus ouverte, à un an de la présidentielle. Un poste finalement refusé par Moukagni-Iwangou. C'est le représentant d'une branche rivale de l'UPG, Mathieu Mboumba Nziengui qui a été nommé à sa place. Malgré ces couacs et même si la figure est de moindre poids, l'ouverture n'a pas échoué, estime Ali Bongo
« M. Moukagni, après nous avoir donné les assurances qu'il rentrait au gouvernement, sous la pression de ses amis de l'opposition, a préféré renoncer. Mais en fait, l'entrée de M. Moukagni s'agissait l'entrée d'un membre du parti UPG, l'ancien parti de Pierre Mamboundou. Ce parti est aujourd'hui au gouvernement. Ce n'est donc pas un échec. »
Interrogé sur le dialogue réclamé par l'opposition, qui souhaite notamment introduire dans la Constitution la limitation des mandats et un deuxième tour à l'élection présidentielle, le président Bongo a coupé court. « L'opposition, nous l'avons invitée à venir participer à l'action gouvernementale, où elle aurait pu tranquillement poser ce genre de problème ; elle ne l'a pas voulu, assure le président gabonais. Donc elle dit une chose et son contraire. C'est tout ce que j'ai à dire. » Fin août, l'opposition avait demandé la médiation de la secrétaire générale de la francophonie pour plaider auprès du pouvoir en faveur du dialogue.