Comores: la rédactrice en chef d'Al-watwan, Samninya Bounou, relaxée

Un verdict très attendu est tombé jeudi à Moroni. Celui du procès en diffamation intenté par le directeur général du quotidien national de presse écrite Al-watwan. Accusé de harcèlement sexuel par la rédactrice en chef, Saminya Bounou, le directeur général Mohamed Abdou Soimadou s’en était remis à la justice pour laver son honneur. Mais la justice n’a pas tranché en sa faveur.

La rédactrice en chef du quotidien d’Etat a brisé l’omerta en évoquant ouvertement le harcèlement sexuel comme réelle raison de l’acharnement du directeur général contre elle. Tout va ensuite très vite : le directeur porte plainte pour dénonciation calomnieuse et diffamation, l’affaire fait la une et les deux fonctionnaires sont suspendus de leurs fonctions.

« Il faut combattre le harcèlement sexuel, explique Houmed Msaïdié le ministre de l’Information. C’est inadmissible. Mais les deux sont coresponsables du journal, et c’est quand même malsain qu’ils affichent leurs histoires en 1ère page du journal, qui appartient à l’Etat. Maintenant le directeur général d’Al-watwan a été nommé par décret présidentiel. Je ferai part au président de la République de la décision de justice et il prendra les mesures qui s’imposent. »

« Un signal fort pour les femmes »

De source proche du dossier, Saminya Bounou, la rédactrice en chef devrait réintégrer rapidement ses fonctions. « La femme n’ose pas venir devant la justice parce qu’on a peur. Il y a eu une autre journaliste qui a subi ça aussi. Elle a dit : "moi je vais témoigner". Quand le délibéré a été prononcé, ce fut un grand soulagement. Le droit a été dit. C’est un signal fort pour les femmes, pour leur dire que maintenant elles peuvent aller devant la justice. »

La défenderesse dans cette affaire a néanmoins été surprise de voir la vague de soutien que son histoire a suscité. Le harcèlement sexuel reste un tabou important de la culture professionnelle aux Comores.

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